Londres contre New York : Qui remportera la guerre des introductions en Bourse dans la fintech ?
Une bataille s'annonce entre Londres et New York pour attirer les introductions en Bourse des entreprises fintech. La Chancelière britannique Rachel Reeves tente de séduire les licornes fintech pour dynamiser le London Stock Exchange (LSE), alors que plusieurs sociétés envisagent une entrée en Bourse. Monzo préparerait une introduction à 6 milliards de livres, tandis que Starling recrute en vue d'un futur IPO. Après le départ de 88 entreprises en 2024, le LSE espère que la fintech sera son salut - s'il parvient à rivaliser avec New York.
La réputation des marchés américains s'érode depuis l'annonce de nouvelles taxes douanières par Donald Trump en avril, faisant chuter le Nasdaq. Cette situation offre une opportunité à Londres de profiter des difficultés new-yorkaises. Julian Morse, de la banque Cavendish, estime que 'la perception des États-Unis comme Mecque des marchés publics s'estompe'. Toutefois, des réformes plus ambitieuses sont nécessaires pour convaincre des entreprises comme Klarna, qui maintient ses projets de s'introduire à New York.
New York dispose d'un avantage majeur : son capital et son image. En 2024, les fintechs américaines ont levé 50,7 milliards de dollars, contre 9,9 milliards pour le Royaume-Uni. Des dirigeants comme Nik Storonsky (Revolut) critiquent la Bourse londonienne, jugée moins attractive que son homologue américaine. Jack Zhang (Airwallex) reconnaît les efforts britanniques pour simplifier les règles, mais souligne que New York conserve 'une base plus large d'investisseurs institutionnels spécialisés'.
Londres doit repenser son approche des IPO, après l'échec retentissant de CAB Payments en 2023. Matt Cooper (Crowdcube) estime que la compétitivité londonienne dépendra de sa capacité à réinventer le processus d'introduction en Bourse. La Financial Conduct Authority prévoit d'ailleurs de lancer en 2026 une plateforme facilitant l'accès des investisseurs particuliers aux marchés d'actions et d'obligations.
Le gouvernement britannique mise également sur Pisces, un nouveau marché privé pour titres non cotés, qui pourrait servir de tremplin vers une IPO londonienne. Ce système, moins régulé, permettrait aux fintechs d'accéder à des liquidités sans subir les pressions d'une cotation publique. Julian Morse suggère par ailleurs une collaboration transatlantique via des doubles cotations, plutôt qu'une rivalité frontale.
Rachel Reeves a promis de faire du Royaume-Uni 'l'un des meilleurs endroits au monde' pour les fintechs. Reste à savoir si ces déclarations se concrétiseront assez vite pour permettre à Londres de détrôner New York.