Les capitaux-risque américains affluent vers l'Inde comme jamais auparavant : Voici pourquoi
Mille licornes. C'est le nombre de startups valant un milliard de dollars que l'Inde pourrait produire dans les deux prochaines décennies, attirant ainsi les investisseurs pour alimenter la prochaine grande vague technologique mondiale. Aditya Mishra, diplômé de Columbia et de la GW Business School, ancien cadre chez Yahoo et Accenture, dirige aujourd'hui BAT VC, un fonds de capital-risque de 100 millions de dollars axé sur les startups indiennes et américaines centrées sur l'IA. Selon lui, ce potentiel est le résultat d'une évolution sur plusieurs décennies.
L'Inde possède tous les atouts pour rivaliser avec la Chine et les États-Unis, explique Mishra. Avec 800 millions de personnes de moins de 35 ans, une classe éduquée et technophile, ainsi qu'une augmentation des investissements domestiques, le pays se positionne comme un acteur clé. Il y a dix ans, 75 % des financements d'IPO provenaient de l'étranger, contre seulement 20 % aujourd'hui. Les comptes de courtage ont explosé, passant de 36 millions en 2020 à 160 millions en 2024, renforçant ainsi l'écosystème financier.
Le secteur technologique indien a également évolué, dépassant ses origines dans l'externalisation. Les entreprises mondiales établissant des opérations en Inde ont créé un dynamisme similaire à celui de la Silicon Valley. D'anciens employés de Google, Meta et OpenAI fondent des startups visant à conquérir les marchés domestiques et mondiaux, avec des innovations en IA, robotique, logistique et fintech. Le secteur de l'IA connaît une croissance annuelle de 32 %.
Cette dynamique se reflète également sur les marchés publics : l'Inde a mené le monde avec 338 IPO en 2024, une augmentation de 44 % par rapport à l'année précédente, levant près de 21 milliards de dollars. Les entreprises locales, confrontées à des défis complexes liés à la diversité linguistique et sociale, développent des solutions adaptables à l'échelle mondiale, comme les paiements transfrontaliers et les chaînes d'approvisionnement sophistiquées.
Les capitaux-risque américains suivent déjà cette tendance. Les stratégies « China-plus-one », motivées par les tensions commerciales et géopolitiques, attirent de nouveaux investisseurs étrangers. Mishra souligne l'importance des accords commerciaux bilatéraux et mise sur un modèle d'investissement bidirectionnel : soutenir les startups américaines s'étendant en Inde et les startups indiennes à vocation mondiale, générant des rendements 1,5 à 2 fois supérieurs.
Malgré des défis structurels persistants, comme des régulations inégales, Mishra voit un point d'inflexion pour les investisseurs patients. La clé est de comprendre que « l'Inde compte de nombreuses Indes en son sein », où coexistent innovation de pointe et inégalités massives. Cette complexité donne aux startups indiennes un avantage unique pour s'adapter aux marchés globaux.
Pour les investisseurs américains, le message est clair : les vingt prochaines années de croissance technologique ne ressembleront pas aux vingt dernières. Les ETF offrent une exposition indirecte, mais le capital-risque direct en Inde représente l'économie de demain. Goldman Sachs prévoit que l'Inde pourrait dépasser les États-Unis d'ici 2075 pour devenir la deuxième économie mondiale, grâce à sa population jeune et son secteur technologique en plein essor.
L'idée de 1 000 licornes, avec une valorisation potentielle de 1 à 5 trillions de dollars, illustre l'ampleur de la transformation à venir. Même si la moitié de ces prévisions se réalise, l'impact sera impossible à ignorer, marquant un tournant industriel comparable à celui de la Silicon Valley ou de l'essor technologique chinois.