Le gouvernement britannique refuse d'abroger la loi sur la sécurité en ligne malgré une pétition massive de près de 400 000 signatures
Vendredi dernier, le gouvernement britannique a mis en œuvre de nouvelles mesures issues de la Loi sur la sécurité en ligne 2023, obligeant les plateformes à vérifier l'âge des utilisateurs pour accéder à certains contenus. Un week-end plus tard, une pétition demandant son abrogation a recueilli près de 388 000 signatures. Mais le gouvernement reste inflexible : "Nous n'avons aucun projet d'abroger cette loi", affirmant travailler étroitement avec le régulateur Ofcom pour une application rapide et efficace.
Ofcom, chargé de veiller à la conformité des services, a un champ d'action extrêmement large. Il doit non seulement contrôler les restrictions d'âge sur les sites pour adultes, mais aussi superviser les forums, les contenus politiques, sanitaires, et même gérer des tensions avec Wikipédia. La pétition dénonce une loi "bien trop large et restrictive pour une société libre", pointant notamment les risques de fermeture de forums spécialisés par manque de ressources.
Le gouvernement rétorque que la loi est proportionnée, soulignant qu'elle ne vise pas à pénaliser les petits services à faible risque qui agissent de bonne foi. Ofcom adoptera une approche pragmatique, concentrant ses efforts sur les cas présentant les risques les plus élevés. Cependant, tous les services, petits ou grands, devront se conformer.
La polémique s'envenime avec la déclaration du ministre des Sciences Peter Kyle sur X, accusant les partisans de l'abrogation d'être "du côté des prédateurs". Une attaque directe contre Nigel Farage de Reform UK, favorable à l'abrogation, qui illustre la polarisation du débat.
Les méthodes de vérification d'âge, confiées à des entreprises privées, soulèvent aussi des inquiétudes. Les utilisateurs doivent parfois fournir des copies de passeport ou des scans faciaux, données souvent traitées hors d'Europe. Ces mesures menacent également le chiffrement de bout en bout, compromettant la vie privée.
Ironiquement, ces contrôles sont facilement contournables via des VPN, dont les téléchargements ont explosé. Si le gouvernement exclut d'interdire les VPN, il compte sanctionner les sites les promouvant pour éviter la vérification d'âge. Un bras de fer technologique qui ne fait que commencer.