Kikuji Kawada : L'odyssée photographique d'un visionnaire exposée à Arles
L'œuvre symbolique de Kikuji Kawada, figure majeure de la photographie japonaise, fait l'objet d'une exposition marquante aux Rencontres d'Arles. À travers des séries emblématiques comme 'La Carte' ou 'Les Caprices', le photographe de 93 ans explore depuis sept décennies les traumatismes historiques et les états psychologiques, mêlant innovation technique et profondeur conceptuelle.
Pionnier du groupe VIVO (1957-1961), Kawada a forgé son style lors d'un reportage à Hiroshima, où il captura des symboles poignants comme des bouteilles de Coca-Cola déformées. Son livre 'Chizu' (1965), considéré comme un chef-d'œuvre absolu, révolutionna le photolivre en intégrant textes et références littéraires à une imagerie puissante.
L'exposition, organisée par sa galeriste Sayaka Takahashi, présente des travaux revisités pendant la pandémie, dont 'La Carte sans fin' - réflexion sur son projet seminal - et 'Les Caprices', série inspirée de Goya explorant l'architecture mentale dans le Japon en mutation. Des images Instagram côtoient des tirages historiques sur papier washi.
Technophile précoce, Kawada utilise depuis les années 1990 les outils numériques pour créer des abstractions stratifiées. Sa série 'Le Dernier Cosmologie', née d'un ciel rouge le 11 septembre 2001, examine les phénomènes célestes comme métaphores des bouleversements de l'ère Shōwa.
'Le vortex' (2022), installation récente, projette en désordre des images Instagram à 45°, synthétisant sa quête permanente : transcender la simple capture pour interroger le sens des images. 'La photographie évolue avec la technologie, confie-t-il, mais ce qui m'anime reste cette curiosité pour l'invisible.'