Les lourdes taxes de Trump sur le Brésil risquent de rapprocher le pays de la Chine
Lors de sa visite en Chine début 2023, le président brésilien Lula da Silva avait qualifié la relation bilatérale d'« indestructible ». Ce rapprochement devrait s'accentuer après l'annonce par Donald Trump de taxes douanières de 50% sur les importations brésiliennes, une décision jugée politique par les experts.
« Aujourd'hui, les relations entre le Brésil et la Chine sont bien plus positives qu'avec les États-Unis », analyse Tulio Cariello du Conseil des affaires Brésil-Chine. La mesure trumpienne, qui entre en vigueur le 1er août, a provoqué un choc au Brésil, surtout après les taxes de 10% annoncées en avril.
Cette augmentation brutale affecte particulièrement les secteurs exportateurs comme l'aéronautique, les pièces automobiles, le café et le jus d'orange. Elle survient après le sommet des BRICS où les pays émergents ont dénoncé ces mesures contraires aux règles de l'OMC.
Dans sa justification, Trump a évoqué la situation de l'ex-président Bolsonaro, qu'il qualifie de « chasse aux sorcières ». Il a aussi faussement affirmé un déficit commercial avec le Brésil, qui enregistre pourtant un excédent de 31 milliards de dollars avec la Chine.
La nature politique de ces taxes marque une rupture avec la logique économique habituelle, suscitant des condamnations au Brésil et en Chine. « Les taxes ne doivent pas servir d'outil de coercition », a déclaré Pékin. Les experts estiment que cette décision nuit à l'image des États-Unis comme partenaire commercial fiable.
Le Brésil renforce ses liens avec la Chine, devenue son premier marché d'exportation dès 2009. Un signe fort : l'ouverture prochaine d'un bureau fiscal brésilien à Pékin, seulement le cinquième à l'étranger. « Cette décision est motivée par l'importance croissante de nos relations commerciales », précise le ministère brésilien.
La Chine a investi plus de 73 milliards de dollars au Brésil depuis 2007, notamment dans l'énergie, les infrastructures et l'agroalimentaire. Les produits chinois, comme les voitures électriques BYD, gagnent du terrain. L'achat par BYD d'une ancienne usine Ford symbolise ce basculement.
Les deux pays collaborent aussi sur des projets d'infrastructures majeurs, comme un corridor ferroviaire bi-océanique vers le port de Chancay au Pérou. Ce méga-port, où la Chine a investi 3,5 milliards de dollars, illustre son influence croissante en Amérique latine, où d'autres pays comme le Pérou ou le Chili se rapprochent également de Pékin.