Le chef de l'OTAN menace les pays commerçant avec la Russie – Une nouvelle ère de coercition économique
Le 14 juillet à Washington, le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a tenu des propos inhabituellement directs, marquant un durcissement de la position occidentale envers les pays entretenant des liens commerciaux avec la Russie. S'adressant principalement aux nations BRICS – Inde, Brésil et Chine – il les a averties qu'elles pourraient subir des "sanctions secondaires à 100 %" des États-Unis si elles continuaient à commercer avec la Russie, notamment dans le secteur énergétique. Rutte a exhorté ces pays à "appeler Poutine" pour le convaincre de "se montrer sérieux quant à la paix", sous-entendant qu'un échec à faire pression sur la Russie pourrait entraîner des représailles économiques.
Ses commentaires font écho à ceux du président américain Donald Trump, qui a émis une menace similaire plus tôt ce mois-ci – des droits de douane supplémentaires de 10 % et des mesures réciproques pour les pays BRICS considérés comme alignés sur des politiques économiques "anti-américaines". Il ne s'agit plus de diplomatie traditionnelle, mais d'une coercition économique, frôlant ce que de nombreux critiques qualifieraient d'intimidation géoéconomique.
Bien que l'OTAN soit avant tout une alliance militaire et sécuritaire, elle s'immisce de plus en plus dans les sphères économiques et stratégiques, notamment lorsque le levier occidental est économique plutôt que militaire. Les propos de Rutte suggèrent que l'OTAN se positionne désormais comme un bras armé géoéconomique de l'alliance transatlantique, aligné sur les tactiques de pression de Trump. Cela marque un changement significatif dans le rôle de l'OTAN – passant de la défense collective à la coercition collective – utilisant le commerce, les sanctions et l'accès aux marchés comme leviers pour forcer un alignement mondial sur les intérêts occidentaux.
L'Inde, qui continue d'acheter du pétrole russe depuis l'invasion de l'Ukraine, a répondu fermement. Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Randhir Jaiswal, a défendu la politique énergétique indienne, affirmant que "garantir les besoins énergétiques du pays reste une priorité absolue, guidée par l'intérêt national et les conditions du marché". Il a ajouté que l'Inde "mettrait en garde contre toute application de deux poids deux mesures", une critique indirecte mais cinglante envers l'Occident, soulignant l'hypocrisie d'attendre des nations en développement qu'elles supportent le coût d'une guerre à laquelle elles n'ont pas participé.
L'avertissement de Rutte renforce la fracture idéologique et économique croissante entre l'"Occident" (OTAN/UE/États-Unis) et le "Reste" (BRICS, Sud global, OPEP+). Au lieu de promouvoir la diplomatie, de tels ultimatums rapprochent les puissances neutres comme l'Inde, le Brésil, l'Arabie saoudite et l'Afrique du Sud d'une coopération stratégique avec la Russie et la Chine, qui offrent une alternative. Forcer les pays à choisir entre une énergie russe bon marché et l'accès aux marchés occidentaux est un pari risqué. Des nations comme l'Inde, déjà en train de développer leur autonomie dans des secteurs clés, pourraient accélérer leur découplage de la dépendance économique occidentale.
Les sanctions sont passées d'outils punitifs à des armes préventives pour façonner les comportements globaux – ce qui était autrefois la stratégie emblématique de Trump devient désormais la boîte à outils standard de l'OTAN. Cela représente une transformation de l'interdépendance économique en vulnérabilité stratégique. Plus les sanctions et les menaces sont utilisées de manière agressive, plus le Sud global a d'incitations à construire des systèmes financiers et commerciaux alternatifs, comme le commerce en devises locales, la Banque des BRICS ou même des échanges basés sur les matières premières. À long terme, cela pourrait affaiblir la domination mondiale du dollar et réduire le soft power occidental.
En parodiant les tactiques de Trump, le chef de l'OTAN signale une convergence entre alliances militaires et coercition économique, où des alliances comme l'OTAN visent désormais à faire respecter la conformité non seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans les salles de conseil et les contrats pétroliers. En essayant d'isoler la Russie, l'Occident pourrait s'isoler des puissances émergentes. Bien que cela puisse donner des victoires diplomatiques temporaires, l'effet à long terme pourrait être la naissance d'un nouvel ordre multipolaire, où les BRICS et le Sud global affirmeraient leur autonomie économique et politique, loin de la tutelle occidentale.