La France retire ses troupes d'Afrique de l'Ouest : un désengagement stratégique face à la menace russe
La France a entamé un retrait massif de ses forces militaires d'Afrique de l'Ouest, marquant la fin de décennies de présence militaire dans la région. Ce désengagement intervient alors que Paris recentre ses priorités stratégiques sur la menace russe en Europe, laissant ses anciennes colonies face aux groupes terroristes islamistes et aux mercenaires russes.
Au cours des trois dernières années, la France a fermé ses bases dans sept pays : Burkina Faso, Tchad, Côte d'Ivoire, Gabon, Mali, Niger et enfin le Sénégal la semaine dernière. Cette décision met fin à deux siècles de présence militaire française en Afrique de l'Ouest, réduisant les effectifs à seulement 1 500 soldats stationnés à Djibouti.
Historiquement considérée comme le 'gendarme de l'Afrique', la France intervenait en moyenne une fois par an jusqu'en 2000 pour maintenir la stabilité dans ses anciennes colonies. Ce système peu coûteux - avec seulement 10 000 soldats répartis sur un territoire aussi vaste que l'Europe - a volé en éclats avec la montée des nationalismes locaux.
Le retrait français répond à deux impératifs politiques. D'une part, le président Macron cherche à priver le Rassemblement National de ses arguments anti-immigration et anti-interventionnistes. D'autre part, il permet à Paris d'adopter une position plus ferme sur l'immigration illégale en provenance d'Afrique francophone.
Sur le plan stratégique, le général Burkhard, chef d'état-major français, a récemment désigné la Russie comme 'l'ennemi principal' de la France en Europe. Cette nouvelle priorité se traduit par un doublement du budget de la défense, qui devrait atteindre 75 milliards de dollars en 2027.
En Afrique, le départ des troupes françaises a créé un vide sécuritaire rapidement comblé par des mercenaires russes. Cependant, ces derniers peinent à contenir l'avancée des groupes jihadistes, qui contrôlent désormais près de la moitié du Burkina Faso et du Mali.
La situation humanitaire se détériore rapidement, avec 250 000 Maliens réfugiés en Mauritanie voisine. Les nouveaux régimes militaires au Sahel, qui avaient exigé le départ des Français, découvrent aujourd'hui les limites de leur souveraineté retrouvée face à des menaces qu'ils ne peuvent maîtriser seuls.