Le Congrès injecte directement la cryptomonnaie dans le secteur le plus stable de l'économie : un risque de crise ?
Il serait ironique que la cryptomonnaie, créée en 2008 comme alternative au système financier traditionnel en pleine crise, provoque un nouvel effondrement économique. C'est pourtant ce que redoutent certains experts depuis l'adoption du GENIUS Act par le Congrès américain. Cette loi vise à réguler les stablecoins, des cryptomonnaies censées maintenir une valeur stable de 1 dollar, représentant déjà 238 milliards de dollars d'actifs. Les législateurs pro-crypto affirment que le texte obligera les émetteurs à adosser leurs stablecoins à des actifs liquides et sûrs, comme les obligations du Trésor américain. Une mesure nécessaire, car ces jetons ont déjà échoué à plusieurs reprises à maintenir leur parité. Tether, le principal émetteur, a perdu sa parité avec le dollar à deux reprises, conduisant à son interdiction à New York. Terra, un autre stablecoin, s'est effondré en 2022, entraînant des milliards de pertes et contribuant à la chute de FTX. Circle a également connu des difficultés lors de la faillite de la Silicon Valley Bank en 2023, nécessitant un sauvetage public de 15,8 milliards de dollars. L'industrie crypto, qui a dépensé des centaines de millions pour soutenir des candidats favorables, salue cette loi. Donald Trump, qui possède son propre stablecoin, devrait la promulguer. Selon J. Christopher Giancarlo, ancien responsable de la CFTC, ce texte envoie un signal positif à la finance traditionnelle. Plusieurs grandes banques et entreprises comme Amazon envisagent désormais d'émettre leurs propres stablecoins. Cependant, des sénateurs comme Elizabeth Warren et Josh Hawley craignent que cette loi ne renforce un actif risqué. Des experts comme Arthur Wilmarth estiment qu'elle pourrait déclencher des crises systémiques similaires à celle de 2008, avec des effets bien plus graves que l'affaire FTX. Corey Frayer, ancien collaborateur de Gary Gensler à la SEC, met en garde contre les risques de levier excessif, rappelant les erreurs de la crise des subprimes.