Productivité : pourquoi l'évaluer est un défi insaisissable ?
Mesurer la productivité relève du parcours du combattant. Daniel Lemire, professeur d'informatique à l'Université du Québec (TELUQ), partage son expérience personnelle dans un article publié le 12 juillet 2025 sur son blog. Il y révèle les pièges des méthodes traditionnelles d'évaluation.
Il y a 15 à 20 ans, Lemire a développé un système de surveillance de ses activités. Ce logiciel traquait ses fenêtres actives et ses sites visités. Les résultats furent édifiants : 40% de son temps consacré aux emails. Pourtant, cette prise de conscience n'a pas boosté sa productivité.
Le problème fondamental réside dans la définition même de la valeur. La productivité se mesure en valeur créée par unité de temps. Or, la valeur suit une distribution Pareto : 80% des résultats proviennent de 20% des efforts, souvent imprévisibles.
Une illumination sous la douche peut générer en une heure l'équivalent d'un mois de travail. Faut-il pour autant attendre passivement ces éclairs de génie ? Absolument pas, avertit Lemire. Cette approche réduirait drastiquement les chances de ces moments productifs.
Les entreprises tombent dans le même piège. En licenciant les 80% d'employés jugés moins productifs, elles risquent de perdre des piliers invisibles. Joe, l'employé discret, pourrait s'avérer indispensable au fonctionnement global.
La solution ? De l'humilité et de la patience. Certaines réunions stériles depuis des années méritent d'être abandonnées. À l'inverse, des projets secondaires en apparence futiles peuvent devenir cruciaux. Le micromanagement, qu'il s'applique à soi ou aux autres, s'avère contre-productif.
La leçon ultime : notre connaissance des sources réelles de valeur reste limitée. Comme le conclut Lemire, 'Nous en savons moins que nous le croyons'. Cette prise de conscience pourrait bien être le premier pas vers une productivité authentique.