L'économie russe montre des signes de faiblesse : la forteresse commence à se fissurer
L'économie russe, longtemps présentée comme une forteresse imprenable malgré les sanctions occidentales, commence à montrer des signes d'essoufflement. Alors que le pays avait surpris par sa résilience depuis le début de la guerre en Ukraine en 2022, plusieurs indicateurs suggèrent désormais une possible entrée en récession.
Selon des recherches récentes, la Russie a confisqué près de 50 milliards de dollars d'actifs ces trois dernières années, dans le cadre de sa stratégie économique dite de 'Forteresse Russie'. Pourtant, cette stratégie semble atteindre ses limites. Le ministre du Développement économique Maxim Reshetnikov a récemment averti que le pays était 'au bord' de la récession.
Les chiffres du premier trimestre 2025 sont alarmants : la croissance est tombée à 1,4% en glissement annuel, contre 4,5% au trimestre précédent et 5,4% sur la même période en 2024. Cette chute s'explique par le réallocation des ressources vers le secteur militaire, la baisse des prix du pétrole et du gaz, ainsi que l'impact persistant des sanctions.
L'inflation reste préoccupante, dépassant les 8%, soit plus du double de l'objectif de la Banque centrale. Pour y faire face, les taux directeurs ont été portés à 21% en octobre 2024, puis légèrement abaissés à 20% le mois dernier, rendant le crédit prohibitif pour les entreprises.
Les déséquilibres se creusent : si certaines familles modestes bénéficient des revenus militaires, la hausse des prix alimentaires grève le pouvoir d'achat. Alexandra Prokopenko, ancienne responsable de la Banque centrale, met en garde contre un risque de stagflation, rendant la Russie vulnérable à de nouvelles baisses des cours pétroliers ou sanctions.
La situation pourrait empirer : le cessez-le-feu entre l'Iran et Israël a fait chuter les prix du pétrole, tandis que le président américain Trump soutient désormais un projet de sanctions plus sévères contre la Russie, incluant des tarifs douaniers sur les pays commerçant avec les BRICS.
Des documents internes révèlent les inquiétudes du Kremlin : contraintes budgétaires, augmentation des créances douteuses, production pétrolière américaine et OPEP en hausse. Face à ces défis, des voix s'élèvent pour réformer le modèle économique. Maxim Oreshkin, conseiller présidentiel, reconnaît que 'le modèle de croissance a atteint ses limites', tandis que la gouverneure de la Banque centrale Elvira Nabiullina souligne l'épuisement des 'ressources inutilisées' qui avaient soutenu la croissance.