'Les choses peuvent déraper rapidement' : La femme de Jonas Vingegaard alerte sur le burnout des cyclistes du Tour de France - une réalité ?
L'article dont tout le Tour de France parle : Trine Hansen, épouse du double vainqueur Jonas Vingegaard, révèle que son mari 'brûle la chandelle par les deux bouts'. Elle dénonce un calendrier quasi annuel et des déplacements incessants qui 'pressent le citron à l'excès'. Son message est clair : à ce rythme, son mari de 28 ans risque un épuisement physique et mental. Interviewée par le journal danois Politiken, elle ajoute : 'Tout commence en février avec des allers-retours toutes les semaines... C'est une vie très dure. Jonas ne se ressource pas lors des stages d'altitude de trois semaines. Il a besoin d'être chez nous, au Danemark.' L'équipe Visma-Lease a Bike a immédiatement minimisé ces propos, assurant que le programme de leur champion était sous contrôle. Vingegaard lui-même a tempéré les déclarations de son épouse. Pourtant, cette interview réalisée quinze jours avant la course continue d'alimenter les débats : Mme Vingegaard a-t-elle raison ? Ce rythme infernal de stages-courses-stages, avec si peu de temps à domicile, met-il en danger les athlètes ? En clair : les cyclistes modernes sont-ils au bord du burnout ?
Jonas Vingegaard et Tadej Pogačar courent pourtant moins que la plupart des coureurs du peloton. Les chiffres parlent : avant les années 1990, les professionnels disputaient 50 à 55 jours de course par an, contre une moyenne de 79 jours en 2023 selon ProCyclingStats. Certes, les coureurs des années 60 à 80 participaient souvent à des épreuves hivernales sur piste - moins courantes aujourd'hui - ce qui augmentait leur nombre de jours de compétition. Avec la mondialisation du sport à la fin des années 90 et les courses haut niveau obligatoires pour les meilleures équipes, la moyenne a explosé : entre 2006 et 2011, les meilleurs enchaînaient au moins 90 jours de course annuels. Le sprinteur Erik Zabel (149 victoires) a même dépassé 100 jours de course pendant neuf ans consécutifs entre 2000 et 2009. Depuis la pandémie, la moyenne du WorldTour est passée de 82 jours (2019) à 79 (2024). Les stars comme Vingegaard, Pogačar, van der Poel et Evenepoel ont encore moins couru la saison dernière (respectivement 44, 58, 42 et 62 jours). Ces chiffres semblent contredire Mme Vingegaard, montrant que les exigences étaient plus fortes il y a quelques décennies. Mais est-ce toute l'histoire ?
'Je ne veux pas paraître vieux jeu, mais je me demande : comment sont-ils plus absents aujourd'hui qu'avant ?', s'interroge Rolf Aldag, directeur sportif de Red Bull-Bora-Hansgrohe au Tour et ancien coureur (1990-2005). Lors de ses six dernières saisons, Aldag a disputé en moyenne 99 jours de course par an. 'J'ai fait jusqu'à 115 jours de course (113 en 2000), plus les voyages, les Six Jours en hiver, tout décembre à s'entraîner en Californie, puis Majorque. Pas de stages en altitude, mais des regroupements de plusieurs semaines.' La différence ne serait pas la durée des absences, mais leur nature. Majorque, Calpe ou la Toscane ont cédé la place à Tenerife, Andorre, Sierra Nevada ou Tignes. 'Peut-être juste une sensation différente', avance Aldag. Teide à Tenerife est désormais un lieu de prédilection des coureurs WorldTour toute l'année.
Combien de temps les coureurs d'élite passent-ils loin de chez eux ? Stephen Barrett, entraîneur en chef de Decathlon AG2R La Mondiale, détaille : 'Nos meilleurs font deux stages d'altitude de trois semaines par saison, et aussi...'