La nouvelle suspension des droits de douane de Trump révèle un problème fondamental dans sa politique commerciale
Aujourd'hui marque la fin de la pause de 90 jours décrétée par le président Donald Trump avant l'entrée en vigueur des droits de douane massifs et élevés qu'il avait annoncés sur des dizaines de pays. Sauf que Trump les a à nouveau reportés, cette fois jusqu'au 1er août, date à laquelle il assure qu'ils seront appliqués. Plusieurs mois après le début du deuxième régime commercial de Trump, quel est son impact et où cela nous mène-t-il ?
De nombreux économistes, dont moi-même, avions précédemment soutenu que les données tangibles ne reflétaient pas beaucoup la guerre commerciale. Mais cette période apparemment bénigne est désormais derrière nous. De multiples façons, l'approche chaotique et inconstante de l'administration pour remodeler le commerce international affecte l'économie américaine et ses citoyens.
Le taux moyen des droits de douane supportés par les consommateurs est le plus élevé depuis les années 1930. Les importateurs américains paient déjà des montants record de taxes à l'importation, et ils aimeraient bien que nous en partagions le fardeau. Même sans les accords spécifiques par pays, le taux moyen des droits de douane avoisine les 17%, un niveau inédit depuis près d'un siècle.
Le mois dernier, les importateurs américains ont payé 28 milliards de dollars en taxes sur les marchandises achetées à l'étranger - un record absolu, loin devant les 24 milliards de mai. Avant la guerre commerciale, ces recettes douanières mensuelles oscillaient entre 5 et 6 milliards.
Ce fait peu médiatisé a trois implications majeures. Premièrement, contrairement aux affirmations de l'administration, les exportateurs ne "digèrent" pas ces droits de douane. Deuxièmement, ne laissez personne vous dire que les Républicains n'augmentent pas les taxes. Ils ont laissé leur leader imposer une taxe de vente douloureuse qui pèse disproportionnellement sur les familles à revenus moyens et modestes. Troisièmement, ces coûts finiront par être répercutés sur les consommateurs via des prix plus élevés.
Les effets tarifaires commencent d'ailleurs à apparaître dans les prix, pour qui sait où regarder. Si les indices nationaux des prix ne montrent pas encore d'impact massif, des chercheurs de Harvard et de l'Universidad de San Andrés ont détecté des hausses modestes mais nettes sur les produits importés, particulièrement ceux venant de Chine.
Avec l'épuisement des stocks et la pression sur les marges bénéficiaires, les experts prévoient que ces droits de douane pourraient ajouter environ 1% au taux d'inflation d'ici fin 2022, le faisant passer légèrement au-dessus de 3%. Dans un contexte où de nombreux Américains peinent déjà à joindre les deux bouts, cette augmentation n'est pas anodine.
Un autre indicateur sous-estimé mérite attention : depuis l'arrivée de Trump, les dépenses des consommateurs, corrigées de l'inflation, stagnent. Un revirement marqué par rapport à l'ère Biden, où cette consommation était le moteur principal de la croissance économique. Malgré un marché du travail solide et des salaires réels en hausse, cette stagnation de la consommation - qui représente près de 70% du PIB - interroge.