Cette startup tokyoïte transforme des kimonos usagés en sneakers stylées
Le kimono, symbole culturel profondément ancré dans l'identité japonaise, est aujourd'hui rarement porté sauf pour des occasions spéciales. Des milliards de dollars de kimonos dorment dans les placards du pays. Shotaro Kawamura, PDG de Potato Ltd., a décidé de leur donner une seconde vie en les transformant en produits modernes comme des sneakers.
À travers sa marque phare Tokyo Kimono Shoes, Kawamura collabore avec un atelier de chaussures artisanales d'Asakusa actif depuis les années 1950. Un seul kimono permet de fabriquer 20 paires de chaussures, vendues environ 325 dollars l'unité dans le monde entier. 'Nous avons choisi les sneakers car ce sont des articles du quotidien universels', explique Kawamura.
Porté depuis plus de 1 300 ans au Japon, le kimono a progressivement été relégué aux cérémonies à partir des années 1960. Après huit ans dans la logistique en Inde, Kawamura a constaté le déclin des métiers d'art japonais. En 2020, il découvre l'atelier familial AxT Inc. qui recyclait les vieux kimonos de sa propriétaire Noriko Onozaki.
En 2022, une campagne de financement participatif sur Makuake rapporte 8,5 millions de yens (58 602 dollars), dépassant largement l'objectif de 300 000 yens. Les 40 premières paires se sont vendues en trois jours. En 2024, l'entreprise a écoulé 4 500 paires et recyclé 690 kimonos (2 732 m² de tissu).
Le marché de la mode durable représente désormais 10% du secteur vestimentaire mondial. Au Japon, le marché vintage a cru de 60% en valeur entre 2019 et 2023. Nancy McDonough, fondatrice de Kyoto Kimono, attribue cet engouement à l'influence mondiale de la culture pop japonaise comme les anime ou la série 'Shōgun'.
En 2023, Kawamura lance une seconde marque, Kimono Reborn Tokyo, proposant t-shirts, tote bags et chapeaux. En 14 mois, 1 060 kimonos (4 160 m²) ont été upcyclés. Un deuxième magasin a ouvert à l'aéroport de Narita, tandis qu'un projet de fabrication de chaussures tabi traditionnelles est en cours.
En partenariat avec l'ODA Fashion College Tokyo, Kawamura souhaite transmettre le savoir-faire du kimono aux jeunes designers. Il envisage aussi de diversifier vers la décoration d'intérieur et même l'hôtellerie. 'Nous devons préserver les belles choses plutôt que les jeter', affirme Kawamura. 'En les transformant, elles deviennent encore meilleures.'