La mentalité des PDG évolue : la victoire à tout prix n'est plus la priorité
Zak Brown, PDG de McLaren, affirme qu'apprendre à perdre et à s'améliorer quotidiennement est essentiel pour maintenir l'élan en leadership. Le turnover des PDG a atteint un record en 2024 et reste élevé en 2025, alors que les dirigeants font face à des pressions économiques, politiques et organisationnelles croissantes. Les conseils d'administration exigent des PDG qu'ils pilotent la transformation tout en construisant des organisations agiles et efficaces pour la croissance future.
Les PDG d'aujourd'hui ne se contentent pas de diriger des entreprises - ils naviguent dans un champ de mines. Entre chocs géopolitiques, volatilité économique et mutations technologiques, le manuel du leadership est réécrit en temps réel. Dans une interview exclusive avec CNBC cette semaine, Zak Brown a décrit une approche centrée sur l'urgence, l'élan et l'apprentissage par l'échec.
« Je déteste perdre », a déclaré Brown à CNBC. « Il existe deux types de personnes performantes : celles motivées par l'excitation de la victoire et celles motivées par la peur de l'échec. » Brown se classe dans la seconde catégorie. Son objectif est d'instiller dans son organisation non pas la peur de l'échec, mais la volonté de progresser chaque jour.
L'idée de résilience plutôt que de perfection se vérifie dans tous les secteurs. Un record de 2 221 départs de PDG a été enregistré en 2024 selon Challenger, Gray & Christmas. Cette tendance se poursuit en 2025, avec une hausse de 11% des changements de PDG aux États-Unis entre janvier et février.
Ivan Espinosa, PDG de Nissan depuis avril, décrit l'environnement actuel comme exigeant mais gérable. « Gardez l'optimisme, car le contexte est très dur », conseille-t-il. Espinosa a lancé un vaste plan de restructuration chez Nissan, tout en insistant sur l'alignement des équipes dirigeantes et la flexibilité.
Andrea Orcel, PDG d'UniCredit, souligne quant à lui l'influence croissante des facteurs politiques sur les décisions stratégiques. « L'intervention gouvernementale est désormais un paramètre incontournable », explique-t-il, alors que sa banque fait face à des résistances politiques dans ses projets d'expansion européenne.
Parallèlement, les PDG subissent une pression accrue pour préparer leurs organisations à l'ère de l'IA. Ravin Jesuthasan, expert du futur du travail, note que les conseils d'administration tiennent désormais les PDG responsables de la vitesse de déploiement de l'IA dans leurs opérations.
« Ce qui était suffisant hier ne le sera plus demain », résume Zak Brown. Alors qu'une nouvelle génération de PDG prend les rênes chez Boeing, Nike ou Starbucks, ces qualités seront cruciales : lucidité face aux risques, maîtrise des nouvelles technologies et courage d'agir.