L'Ingénierie Logicielle à l'Ère des LLM : Formation des Nouveaux Ingénieurs dans un Monde en Mutation
L'ingénierie logicielle traverse une période de transformation radicale avec l'avènement des modèles linguistiques de grande taille (LLM). Alors que les débats font rage sur leur utilité dans le codage, cet article explore les implications plus larges de cette technologie sur la profession, en particulier la formation des jeunes ingénieurs.
Dans l'espace plus large de l'ingénierie logicielle, les discussions sur l'utilisation des LLM dans le codage divisent la communauté. Certains considèrent leur usage comme injustifiable, tandis que d'autres voient dans ces outils la fin d'une profession jugée trop coûteuse. En tant que sociologue, je m'intéresse moins à savoir si les LLM sont utiles qu'à comprendre leur impact sur l'écosystème du génie logiciel.
Au cours de ma carrière, j'ai observé l'évolution de l'économie technologique américaine et la perception changeante du métier de codeur. Les bootcamps de codage ont connu leur heure de gloire, promettant une reconversion rapide vers des carrières stables. Cependant, comme dans de nombreux domaines, l'offre excède parfois la demande, bien que la situation en ingénierie logicielle reste complexe.
La distinction entre ingénieurs juniors et seniors est cruciale. Un junior nécessite un encadrement important, tandis qu'un senior travaille de manière autonome et peut encadrer les plus jeunes. Cette progression, commune à toutes les professions qualifiées, s'acquiert par l'expérience et la pratique.
L'arrivée des LLM comme GitHub Copilot bouleverse ce modèle. Pour un senior, ces outils sont précieux pour automatiser les tâches routinières, mais leur production nécessite toujours une validation experte. Pour un junior, le risque est de dépendre excessivement de l'outil sans développer les compétences sous-jacentes.
Traditionnellement, un jeune ingénieur apprenait en résolvant des problèmes, en commettant des erreurs et en recevant des retours. Ce processus, bien qu'apparemment inefficace, est pédagogiquement essentiel. L'obsession de l'efficacité immédiate pourrait compromettre cette formation pratique.
Si nous déléguons systématiquement le travail aux LLM ou aux seniors, quelle place reste-t-il pour les juniors ? Certains prédisent leur disparition, ce qui soulève des questions sur le renouvellement des compétences dans la profession. Les seniors d'aujourd'hui étaient les juniors d'hier - éliminer cette étape revient à vider la profession de sa substance.
En conclusion, l'utilisation des LLM en ingénierie logicielle doit être réfléchie, en tenant compte non seulement des gains de productivité immédiats, mais aussi de l'impact à long terme sur la formation des nouvelles générations d'ingénieurs. L'efficacité ne doit pas être notre seul critère si nous voulons préserver l'avenir de cette profession.