Erebor mise sur une politique favorable à la fintech pour obtenir sa charte bancaire
Erebor, une banque startup soutenue par des figures emblématiques de la tech, a déposé une demande de charte bancaire nationale. Son modèle économique, similaire à celui de la désormais tristement célèbre Silicon Valley Bank, vise à proposer des produits liés aux cryptomonnaies à l'"économie de l'innovation". Cette demande intervient dans un contexte politique favorable aux nouvelles technologies bancaires, soulevant des questions sur l'influence des soutiens politiques de l'entreprise.
Dans sa demande datée du 11 juin, Erebor précise qu'elle souhaite servir des entreprises technologiques, des entités spécialisées dans l'intelligence artificielle, la défense et la fabrication, ainsi que des individus fortunés. La banque ambitionne également de fournir des services de dépôt et de paiement à des organisations bancaires étrangères. Durant ses trois premières années, Erebor ne prévoit pas de créer de société holding ni de succursales, mais aspire à devenir "l'entité la plus régulée pour les transactions en stablecoins".
Todd Baker, expert en politique bancaire, souligne que cette demande reflète l'ouverture de l'administration actuelle aux modèles bancaires innovants. Cependant, il s'interroge sur d'éventuels traitements de faveur liés aux connexions politiques des soutiens d'Erebor, dont Palmer Luckey et Peter Thiel, proches de l'ancien président Trump.
Carleton Goss, avocat spécialisé en régulation bancaire, note que cette demande s'inscrit dans une tendance post-électorale anticipée par le secteur. Il souligne qu'Erebor semble bien financée et dotée d'une équipe expérimentée, mais que son modèle novateur pourrait susciter un examen minutieux de la part des régulateurs.
Le processus d'approbation s'annonce long et complexe, impliquant l'OCC, la FDIC et la Fed. Les modèles économiques non traditionnels comme celui d'Erebor pourraient faire l'objet d'un examen plus poussé, notamment en raison des risques potentiels pour le fonds d'assurance-dépôts. Goss estime néanmoins que, compte tenu du climat politique actuel, la FDIC finira probablement par donner son accord.
Les régulateurs exigeront des explications claires sur les différences entre le modèle d'Erebor et celui de la Silicon Valley Bank, dont l'échec en 2023 a marqué les esprits. Goss prédit qu'Erebor saura justifier son approche, mettant en avant plusieurs distinctions clés.
Cette demande survient alors que l'administration Trump renforce son contrôle sur les régulateurs indépendants, ce qui soulève des inquiétudes quant à une possible politisation de la supervision bancaire. Les liens étroits des soutiens d'Erebor avec le mouvement MAGA pourraient alimenter ces craintes.
Erebor envisage par ailleurs une structure bancaire étroite ("narrow banking"), où les dépôts seraient intégralement couverts par des réserves. Cette approche, encore floue dans la demande publique, reflète les ambitions théoriques de ses fondateurs, qui cherchent peut-être à repenser certains fondamentaux du secteur bancaire.
Baker compare le modèle probable d'Erebor à celui de Brex, une fintech de banque digitale. Goss, quant à lui, doute qu'Erebor puisse concilier assurance-dépôts FDIC et modèle de banque étroite pure, ces deux concepts étant traditionnellement incompatibles.