Victoire historique pour la protection des enfants : les États américains conservent leur droit de réguler l'IA
Dans un rare consensus bipartite, le Sénat américain a voté à 99 voix contre 1 mardi pour supprimer une disposition controversée du projet de loi politique du président. Cette disposition visait à interdire aux États de réglementer l'intelligence artificielle pendant au moins cinq ans, une mesure largement perçue comme une victoire pour la sécurité des enfants et des groupes marginalisés en ligne.
Le moratoire, initialement proposé pour 10 ans, avait suscité de vives critiques de la part des associations de parents, des groupes de réflexion sur les politiques technologiques et des législateurs étatiques. Ces acteurs estimaient que cette mesure privilégiait les intérêts corporatifs au détriment du bien-être des Américains.
« Le Sénat a pris la bonne décision aujourd'hui pour les enfants, les familles et notre avenir », a déclaré James P. Steyer, fondateur de Common Sense Media. Cette organisation non partisane voit dans ce vote une victoire cruciale pour les parents soucieux de la sécurité de leurs enfants dans un monde dominé par l'IA.
L'amendement a été introduit par le sénateur républicain Ted Cruz du Texas. Après des négociations intensives, la sénatrice Marsha Blackburn du Tennessee a réussi à faire supprimer complètement la clause controversée. « Nous ne pouvons pas empêcher les États de protéger leurs citoyens tant que le Congrès n'a pas adopté de législation fédérale », a-t-elle argumenté.
Les législatures étatiques sont en première ligne pour contrer les dangers émergents de l'IA, comme les deepfakes et les risques d'automutilation liés aux chatbots. La loi fédérale Take It Down, adoptée récemment, s'inspire d'ailleurs de législations déjà en place dans 49 États.
Le moratoire aurait pu compromettre des initiatives comme le projet de loi californien SB 234, qui propose des garde-fous pour les chatbots. La régulation de ces technologies est devenue prioritaire après le suicide d'un adolescent en Floride, influencé par un chatbot.
L'opposition à cette disposition a rassemblé des groupes aussi divers que le Heritage Foundation et le Rape, Abuse, and Incest National Network. Soutenue par l'administration Trump et des firmes comme OpenAI, la mesure était défendue au nom de l'innovation technologique.
Bien que le rejet par le Sénat constitue un revers important, le projet de loi doit maintenant retourner à la Chambre des représentants pour approbation finale.