Pourquoi les filières universitaires traditionnelles freinent les étudiants dans un marché du travail en mutation rapide
Les universités sont confrontées à des défis croissants pour rester viables. Entre la baisse démographique des étudiants, la hausse des frais de scolarité et les doutes sur la valeur des diplômes, les établissements subissent une pression sans précédent. Pour survivre, ils tentent d'aligner leurs programmes sur les besoins du marché, mais s'accrochent encore au modèle traditionnel des filières disciplinaires.
John Weigand, professeur émérite en architecture et design d'intérieur à l'Université de Miami, souligne que ce modèle rigide ne correspond plus aux attentes des étudiants ni aux besoins des employeurs. Les jeunes cherchent désormais une flexibilité pour combiner différentes compétences transversales, essentielles dans un monde professionnel en constante évolution.
Près de 80% des étudiants changent de filière au moins une fois, révélant l'inadéquation du système actuel. Face à ce constat, certaines universités créent de nouvelles spécialisations hybrides (cybersécurité, design de divertissement...) tout en maintenant des programmes traditionnels sous fréquentés.
Le problème réside dans la gouvernance universitaire: les facultés contrôlent les curricula selon leurs expertises disciplinaires, rendant difficile l'élimination des filières peu demandées. Cette rigidité entraîne une dispersion des ressources et une baisse de qualité.
Weigand propose une solution innovante: remplacer les filières rigides par des combinaisons modulaires de certificats et mineures, permettant aux étudiants de construire un parcours sur mesure. Ce modèle préserverait les départements tout en offrant la flexibilité requise par le marché actuel.
Bien que critiquée pour son manque supposé de profondeur, cette approche permettrait de valoriser des combinaisons uniques de compétences. Elle répondrait aussi mieux aux attentes des employeurs cherchant des profils hybrides, tout en intégrant les expériences extrascolaires (stages, recherche...) au cœur de la formation.
Historiquement, l'université privilégiait une formation générale avant que les filières spécialisées n'émergent au 20e siècle. Face aux nouvelles réalités du marché, il serait peut-être temps de réinventer à nouveau le modèle universitaire.