Les événements climatiques extrêmes bouleversent l'agriculture : comment l'IA peut sauver la donne
Les agriculteurs européens accusent un retard dans l'adoption des technologies agricoles, avec seulement 46% d'entre eux utilisant au moins une technologie, contre 74% aux États-Unis et 53% au Brésil. Face à l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes, la perte de biodiversité et l'évolution rapide des préférences des consommateurs, les agriculteurs se tournent vers l'intelligence artificielle (IA) pour des prévisions plus précises et une gestion optimisée des cultures. En 2024, les startups agritech en Europe ont attiré plus de 1,5 milliard d'euros d'investissements, témoignant d'un intérêt croissant pour les solutions numériques innovantes.
L'IA agricole nécessite des modèles prédictifs, mais les changements climatiques rendent ces prévisions plus complexes. Par exemple, un modèle d'IA peut détecter des taches brunes sur les feuilles, signe d'une propagation imminente de champignons, et alerter l'agriculteur bien avant qu'il ne le remarque lui-même. Ces outils permettent de traiter des volumes de données bien supérieurs à ceux que les humains peuvent analyser seuls.
Le marché mondial de l'IA dans l'agriculture devrait connaître une croissance annuelle de 23% entre 2023 et 2028, passant de 1,7 à 4,7 milliards de dollars. En Europe, des entreprises comme Agurotech, Cordulus et Cropler développent des solutions basées sur l'IA pour optimiser l'irrigation, la fertilisation et la surveillance des cultures en temps réel. Cependant, des défis persistent, notamment la transparence des algorithmes et l'accès des petites exploitations à ces technologies coûteuses.
Malgré les investissements massifs, le secteur agritech connaît aussi des échecs, avec des startups faisant faillite et laissant les agriculteurs sans support technique. La méfiance des agriculteurs envers ces solutions 'boîte noire' est compréhensible, d'autant que les coûts de mise en œuvre restent prohibitifs pour 49% des petites exploitations. Tim Bucher, PDG d'Agtonomy, souligne l'importance d'impliquer les agriculteurs dès la conception des technologies pour garantir leur utilité pratique.
La Commission européenne tente de combler ce retard via son Dialogue stratégique de janvier 2024 et les plans CAP nationaux, mais les efforts restent insuffisants. Une approche plus inclusive est nécessaire pour que l'agritech profite à tous les agriculteurs, et pas seulement aux grandes exploitations.