Comment une petite ville a réduit ses déchets de moitié en faisant payer les sacs poubelles
Il y a quelques années, la ville de Plympton, dans le Massachusetts, gaspillait littéralement son argent. Les habitants produisaient tellement de déchets que la station de transfert municipale était menacée de fermeture. Le système en place permettait aux résidents d’acheter un autocollant à 240 dollars pour accéder à la décharge toute l’année et y jeter autant de déchets qu’ils le souhaitaient. Mais le volume élevé, combiné à la hausse des frais d’enfouissement, faisait que ce service coûtait près du double des recettes générées. Doubler le prix des autocollants aurait pénalisé les foyers modestes et les petits ménages, comme les personnes âgées, qui produisaient peu de déchets. La ville a donc opté pour une solution innovante : faire payer les sacs poubelles. Résultat ? Une réduction de moitié des déchets en un an.
En 2022, avant la mise en place du nouveau système, Plympton jetait 640 tonnes de déchets. En 2023, ce chiffre est tombé à 335 tonnes. « Cela a incité les gens à recycler davantage, car cela leur fait économiser de l’argent », explique Rob Firlotte, responsable des travaux publics de la ville. Les autocollants coûtent désormais 65 dollars, et les habitants achètent des sacs poubelles spéciaux, tarifés selon leur taille (1,25 dollar pour 15 gallons, 2,50 dollars pour 33 gallons). Un ménage produisant un petit sac par semaine dépenserait ainsi 130 dollars par an, soit 350 dollars de moins qu’avec un doublement du prix des autocollants.
La ville a réduit ses coûts de gestion des déchets de moitié, économisant environ 65 000 dollars par an. « Nous sommes passés d’un déficit à un équilibre », se réjouit Firlotte. Plympton n’est pas un cas isolé : près de la moitié des 351 municipalités du Massachusetts ont adopté une version du modèle « payez ce que vous jetez » (PAYT). En 2023, ces collectivités ont collecté un tiers de déchets en moins, soit environ 513 livres par ménage. Une étude de 2018 dans le New Hampshire confirme ces résultats.
John Halstead, professeur retraité en économie environnementale, souligne que « la demande de gestion des déchets est très sensible au prix ». Augmenter le coût des ordures incite les gens à réduire leur production. Ce principe est appliqué depuis des décennies dans de nombreux pays, mais son adoption aux États-Unis a vraiment pris son essor dans les années 1980. Aujourd’hui, environ un quart des Américains ont accès à un programme basé sur le volume des déchets.
Pour réussir, il est essentiel de proposer des alternatives robustes à l’enfouissement, comme le recyclage et le compostage. Linda Breggin, avocate spécialisée en droit de l’environnement, souligne les co-bénéfices : réduction des émissions de gaz à effet de serre et augmentation des matériaux recyclés. Cependant, ces changements rencontrent souvent des résistances, notamment de la part des entreprises de collecte et des habitants habitués à un système sans limites.
Malgré les craintes initiales, comme l’augmentation des dépôts sauvages, les retours sont globalement positifs. Selon Lisa Skumatz, seulement un quart des villes observent une légère hausse des infractions, temporaire de surcroît. À Plympton, les personnes âgées, qui produisent peu de déchets, ont particulièrement apprécié le nouveau système. Grâce à une communication claire et des mesures dissuasives, les abus ont été minimes. « Pour nous, cela a très bien fonctionné », conclut Firlotte.