Un scandale financier déchire une tribu d'Alaska : le fils du Dr. Phil impliqué dans des prêts à 700% d'intérêt
Une entreprise de prêt pratiquant des taux d'intérêt annuels atteignant 700%, liée au fils du célèbre Dr. Phil, provoque des divisions au sein de la tribu autochtone de Minto en Alaska. Bien que cette activité ait stimulé l'économie locale, elle suscite de vives critiques éthiques et des accusations selon lesquelles la majeure partie des profits bénéficierait à des partenaires extérieurs, dont Jay McGraw, le fils du présentateur télévisé.
Minto Money, l'organisme de prêt tribal basé dans le village de Minto, à 80 km au nord-ouest de Fairbanks, génère des revenus substantiels depuis son lancement en 2018. Cependant, cette manne financière s'accompagne de controverses, certains membres de la tribu dénonçant l'exploitation d'emprunteurs vulnérables à travers des pratiques jugées prédateires.
Deux procès fédéraux affirment que Jay McGraw et son entreprise CreditServe Inc. perçoivent la majorité des revenus générés par ces prêts, laissant à la tribu qu'une fraction minime. Les plaintes déposées auprès de la FTC et du Better Business Bureau - où Minto Money détient la pire note possible - révèlent la détresse d'emprunteurs confrontés à des taux exorbitants et à des remboursements automatiques agressifs.
Un emprunteur a ainsi payé 4 167$ pour un prêt initial de 1 200$, dénonçant des "taux d'intérêt outrageux dépassant 700%". Le règlement confidentiel d'un procès en mai 2024 n'a pas empêché de nouvelles actions en justice potentielles contre ces pratiques qualifiées d'usuraires.
Jay McGraw, producteur de télévision et fils du Dr. Phil - célèbre pour ses conseils financiers prudents - s'est impliqué dans le secteur des prêts à taux élevés depuis plus d'une décennie. Après des entreprises de crédit rapide en ligne, il a récemment lancé une société de financement automobile ciblant les emprunteurs à risque au Texas.
À Minto, village isolé de 160 habitants confronté à des difficultés économiques chroniques, l'activité de prêt en ligne a initialement semblé une aubaine. Elle a permis de financer des projets communautaires, dont un gymnase scolaire à 3,2 millions de dollars, et créé quelques emplois locaux.
Mais les documents internes montrent un déséquilibre flagrant : si les opérations de prêt ont généré 12 millions de dollars en 2024, la tribu n'en aurait perçu qu'une modeste part. Cette répartition inégale alimente les tensions entre résidents permanents et membres absents, certains réclamant plus de transparence et des audits.
Le contraste entre le mode de vie luxueux de McGraw - propriétaire d'un manoir de 6 millions de dollars au Texas - et les conditions modestes des habitants de Minto accentue le malaise. Un ancien chef tribal résume le dilemme : "Ça rapporte beaucoup d'argent... mais c'est basé sur la misère des emprunteurs. Ce n'est pas ce que nos anciens avaient envisagé."
Alors que certains célèbrent les retombées économiques, d'autres dénoncent une exploitation à double niveau : celle de la tribu par des partenaires extérieurs, et celle d'emprunteurs désespérés à travers des pratiques que la plupart des États américains interdiraient. Cette affaire soulève des questions fondamentales sur l'éthique du capitalisme tribal et les limites de la souveraineté autochtone dans le secteur financier.