ICE a voulu faire un exemple avec le leader syndical David Huerta. Il est temps pour les syndicats de défendre les travailleurs immigrés.
David Huerta, président du Syndicat international des employés des services (SEIU)–United Service Workers West (USWW), a été arrêté ce mois-ci pour avoir fait ce que tout leader syndical devrait faire : se montrer présent. Huerta a été interpellé à Los Angeles lors d'une manifestation contre les rafles menées par l'Immigration and Customs Enforcement (ICE), exerçant son droit à la liberté d'expression—un droit que le mouvement syndical défend depuis des siècles. Mais parce qu'il s'agissait d'une manifestation pour les droits des immigrés, et parce que Huerta est un défenseur courageux des travailleurs immigrés, il a été pris pour cible et plaqué au sol en plein jour.
En tant que directrice exécutive du Committee of Interns and Residents (CIR), le plus grand syndicat de médecins des États-Unis affilié au SEIU, son arrestation m'a choquée, mais ne m'a pas surprise. Nombre de nos membres sont aussi des travailleurs immigrés. Ce sont de jeunes médecins qui travaillent dans des hôpitaux publics à travers le pays, souvent avec des statuts de visa précaires, et qui effectuent de longues heures dans des conditions de sous-effectif chronique. Comme les agents d'entretien que Huerta a passé sa vie à organiser, ces médecins soutiennent des institutions qui s'effondreraient sans leur travail.
Huerta a toujours refusé de se conformer aux attentes de silence et de soumission. Il est non seulement le président de l'USWW, mais aussi le pilier du caucus latino du SEIU et un membre respecté de notre syndicat. Nous l'appelons notre ancre car il a guidé des générations de leaders syndicaux immigrés. Il a porté l'héritage de la campagne Justice for Janitors avec détermination et humilité. Il a tenu tête à toutes les administrations—républicaines comme démocrates—sur les questions d'immigration et de protection des travailleurs.
Cette arrestation n'est pas qu'un abus de pouvoir : elle s'inscrit dans un schéma plus large. Partout aux États-Unis, les travailleurs immigrés font face à la surveillance, à la répression policière et aux boucs émissaires politiques. En Géorgie, l'ICE a arrêté des ouvriers d'abattoirs lors de rafles, semant la peur et entravant l'organisation syndicale. En Floride, la loi anti-immigrés SB 1718 du gouverneur Ron DeSantis pousse les travailleurs dans l'ombre, rendant leurs emplois plus dangereux. À New York, les forces de l'ordre ciblent les livreurs qui militent pour un salaire équitable.
La détention de Huerta est un message de l'ICE : taisez-vous, ne vous organisez pas, ne résistez pas. Huerta est maintenant libéré, mais son arrestation doit servir d'avertissement à tous ceux qui croient en la puissance des travailleurs. Car s'ils peuvent s'en prendre à David Huerta, ils viendront aussi pour nous.