La Guerre des Buses Graphiques : L'Épopée Technologique qui a Façonné nos Ordinateurs
L'histoire de l'évolution des bus graphiques est une saga marquée par des batailles technologiques, des standards concurrents et des innovations fulgurantes. Des premiers bus S-100 aux connexions PCIe ultra-rapides d'aujourd'hui, cette chronique retrace comment l'industrie a surmonté les limites matérielles pour offrir des performances toujours plus impressionnantes.
Tout commence en 1974 avec le bus S-100, également appelé bus Altair, conçu par MITS pour le micro-ordinateur Altair 8800. Ce standard ouvert, nommé d'après son connecteur à 100 broches, souffrait d'une conception rudimentaire réalisée sans outils modernes de CAO. Malgré ses limites, il accueillit en 1976 la première carte graphique couleur pour micro-ordinateurs : le Cromemco Dazzler.
Alors que le S-100 devient un standard IEEE en 1983 (IEEE Std 696-1983), IBM choisit une voie différente pour son PC. En 1981, la firme introduit le slot ISA (Industry Standard Architecture), marquant le début d'une nouvelle ère. Ces connecteurs permettaient d'ajouter cartes graphiques, modems et contrôleurs de disque - des fonctions aujourd'hui intégrées dans les chipsets.
L'ISA évolue vers un bus 16 bits avec le PC/AT, puis cède la place à des standards plus avancés. IBM lance le Micro Channel Architecture (MCA) en 1987, tandis qu'un consortium de neuf fabricants concurrents répond avec l'EISA (Extended ISA) en 1988. Cette période voit émerger des solutions comme les cartes ELSA compatibles avec les deux standards.
Face au coût élevé de l'EISA, l'industrie développe en 1992 le VL Bus sous l'égide de la VESA. Mais cette période est marquée par une instabilité chronique, avec des incompatibilités matérielles provoquant des plantages fréquents - les cartes graphiques ne fonctionnaient que dans 50% des configurations.
Intel intervient alors avec une solution radicale : le bus PCI (Peripheral Component Interconnect), introduit en 1993. Ses avantages clés incluent un meilleur partage des IRQ et le bus mastering. En cinq ans, le PCI élimine tous ses concurrents, apportant enfin la stabilité tant attendue.
Mais la course aux performances graphiques ne s'arrête pas là. En 1997, l'AGP (Accelerated Graphics Port) supplante le PCI pour les applications 3D, offrant des débits jusqu'à 2.1 Go/s et un accès direct à la mémoire pour le stockage des textures.
La révolution suivante arrive en 2003 avec le PCI Express (PCIe), abandonnant l'architecture parallèle au profit de connexions série point-à-point. Avec des débits initiaux de 250 Mo/s par voie, le PCIe offre une scalabilité inédite. Aujourd'hui, le PCIe 7.0 en développement promet des débits vertigineux de 256 Go/s en bidirectionnel.
Cette évolution constante témoigne de l'ingéniosité de l'industrie pour répondre aux besoins croissants en bande passante graphique. Si le PCIe domine désormais nos machines, des slots PCI persistent parfois pour assurer la compatibilité avec d'anciens périphériques, rappelant les batailles technologiques qui ont façonné l'informatique moderne.