La promesse de Trump sur les pourboires non imposables : le diable se cache dans les détails
La promesse du président Donald Trump d'éliminer les impôts sur les pourboires pourrait sembler être une aubaine pour les travailleurs du secteur des services. Cependant, les détails du dernier projet de loi fiscal du Congrès révèlent une réalité plus complexe. Actuellement, les législateurs républicains avancent le "One Big Beautiful Bill Act", une proposition de 1 100 pages visant à modifier divers aspects, des incitations fiscales pour les véhicules électriques à la santé. Ce projet inclut également une proposition visant à supprimer les impôts sur les pourboires, ce qui pourrait affecter environ 4 millions de travailleurs américains. Le Sénat a récemment adopté sa propre version, le "No Tax on Tips Act". L'idée a gagné en attention lorsque Trump l'a évoquée lors d'une étape de campagne 2024 à Las Vegas, une ville où les pourboires sont ancrés dans l'économie. Les titres et communiqués de presse semblent prometteurs, surtout pour les serveurs, barmen et autres travailleurs dépendant des pourboires. C'est pourquoi démocrates et républicains soutiennent largement ce concept. Pourtant, comme souvent, le diable se cache dans les détails.
Je suis un économiste en école de commerce qui a écrit sur les pourboires, et j'ai examiné de près le langage des lois proposées. Que promet exactement Trump, et comment cela se compare-t-il aux projets de loi ? Commençons par son engagement. En janvier 2025, Trump a déclaré : "Si vous êtes un travailleur de restaurant, serveur, voiturier, groom, barman, ou l'un de mes caddies... vos pourboires seront à 100 % les vôtres". Cela semble augmenter le revenu des travailleurs recevant des pourboires. Mais la réalité est bien plus complexe.
Premièrement, cette nouvelle exonération fiscale ne s'applique qu'aux pourboires déclarés au gouvernement – or une grande partie de ces revenus échappe actuellement au radar. Les travailleurs recevant des pourboires en espèces doivent les déclarer à l'IRS via le formulaire 4137 si leur employeur ne le fait pas pour eux. Si un travailleur reçoit un pourboire en espèces aujourd'hui et ne le déclare pas, il en conserve déjà 100 %. Personne ne sait exactement quelle proportion des pourboires n'est pas déclarée, mais une ancienne estimation de l'IRS l'évalue à environ 40 %. De plus, le code fiscal actuel définit les pourboires comme des paiements où le client en détermine le montant. Si un restaurant facture un service fixe de 18 %, ou s'il y a des frais supplémentaires pour le service en chambre, ceux-ci ne sont pas considérés comme des pourboires aux yeux du gouvernement. Ainsi, certains travailleurs pensant que ces charges sont des pourboires surestimeront l'impact de la nouvelle règle sur leurs finances.
Comment les nouveaux projets de loi affecteraient-ils les travailleurs recevant des pourboires ? Le "Big Beautiful Bill" créerait une nouvelle section dans le code fiscal sous "déductions détaillées". Cette partie inclut déjà des dispositions pour les comptes d'épargne santé et les déductions d'intérêts sur les prêts étudiants. Que contient la nouvelle section ? D'abord, le projet précise que cette exonération ne s'applique qu'aux "pourboires en espèces". L'IRS classe les paiements par carte de crédit, carte de débit et même chèques comme "pourboires en espèces". Malheureusement pour les travailleurs de Las Vegas, les pourboires non monétaires, comme les jetons de casino, ne sont pas inclus. Alors que le projet de la Chambre limite la déduction aux personnes gagnant moins de 160 000 $, celui du Sénat plafonne la déduction aux premiers 25 000 $ de pourboires. Tout montant supérieur est imposé.
Deuxièmement, le projet actuel de la Chambre met fin à cette exonération spéciale le 31 décembre 2028. Ces avantages ne dureraient donc que trois ans, sauf si le Congrès prolonge la loi. Le projet du Sénat ne mentionne pas cette échéance. Troisièmement, l'exonération ne s'applique qu'aux emplois typiquement rémunérés par pourboires. Le secrétaire au Trésor doit définir la liste des professions concernées. Si une profession n'y figure pas, la loi ne s'applique pas. Je me demande combien de métiers en seront exclus. Par exemple, certains moniteurs de camp reçoivent des pourboires en fin d'été, mais il est peu probable que le Trésor les inclue, car ils ne représentent qu'une partie du personnel.
Ne pas figurer sur cette liste pose un réel problème. Bien que la nouvelle proposition offre une exonération d'impôt sur le revenu, aucun des projets n'aborde les cotisations FICA sur les pourboires. Les travailleurs doivent toujours contribuer à hauteur de 7 % pour la Sécurité sociale et Medicare sur tous les pourboires déclarés, ce qui ne leur profitera qu'à la retraite. Ce n'est pas une omission : le projet stipule explicitement que les employés doivent fournir un numéro de Sécurité sociale valide pour bénéficier de l'exonération.
Il existe d'autres raisons pour lesquelles la législation pourrait moins bénéficier aux travailleurs qu'il n'y paraît. L'absence d'impôt sur les pourboires pourrait accroître la pression pour les partager avec d'autres employés, comme les plongeurs, chefs et hôtes. Ces travailleurs non rémunérés par pourboires contribuent aussi à l'expérience client, souvent avec des salaires bas. Enfin, beaucoup d'Américains sont fatigués des pourboires. Savoir que les serveurs ne paient pas d'impôts pourrait inciter certains à réduire encore leurs pourboires.
Les détails de toute législation peuvent changer jusqu'à ce que le Congrès la soumette au président pour signature. Toutefois, dans leur forme actuelle, ces projets ne sont pas aussi généreux envers les travailleurs que Trump ne l'a laissé entendre pendant sa campagne.