Gestionnaires de patrimoine en alerte : l'impact du projet de loi fiscal américain sur les clients canadiens
Les gestionnaires de patrimoine canadiens se préparent aux potentielles hausses d'impôts américains sur les investisseurs étrangers, alors que le Sénat américain s'apprête à examiner le projet de loi fiscal du président Donald Trump. Vlad Tasevski, directeur de l'innovation chez Purpose Investments Inc., indique que son entreprise évalue différents scénarios pour anticiper les impacts sur les portefeuilles fortement exposés aux États-Unis. Selon lui, cette mesure, surnommée "One Big Beautiful Bill", pourrait rendre les investissements américains moins attractifs en raison d'une fiscalité moins avantageuse. Le projet de loi inclut une clause de rétorsion (Section 899) visant les taxes jugées discriminatoires par les États-Unis, comme la taxe canadienne sur les services numériques instaurée en 2024. Les estimations prévoient un coût supplémentaire de 81 milliards de dollars sur sept ans pour les investisseurs canadiens détenant des titres américains. Les hausses pourraient entrer en vigueur dès le 1er janvier 2025, avec des taux de retenue à la source pouvant atteindre 50%. Face à ces incertitudes, Purpose Investments explore des solutions alternatives comme les produits dérivés de type "swap" pour contourner les effets de la Section 899. Edward Jones Canada recommande toutefois la prudence, estimant que le texte sera probablement amendé lors de son passage au Sénat. Plusieurs associations professionnelles, dont l'Association des banquiers canadiens, surveillent de près l'évolution législative. RBC Wealth Management estime que la mesure pourrait être évitée si le gouvernement Carney accepte de supprimer la taxe sur les services numériques. Mary Hagerman de Raymond James met en garde contre les décisions précipitées, rappelant l'abandon récent de la réforme canadienne sur les gains en capital. Rob Tetrault de Canaccord Genuity craint quant à lui un effet de panique si la loi est adoptée soudainement. Shiraz Ahmed de Sartorial Wealth conseille à ses clients de ne pas laisser les considérations fiscales dicter leur stratégie d'investissement.