Un économiste ayant prédit le 'Lundi noir' alerte : les marchés entrent dans une 'zone dangereuse'
Mark Skousen, l'économiste qui avait anticipé le krach boursier de 1987, met en garde contre une entrée des marchés financiers dans une 'zone dangereuse' en raison des conditions économiques actuelles. Dans une interview accordée à David Lin le 8 juin, il cite les risques systémiques croissants, les politiques économiques instables et l'érosion de la confiance des investisseurs comme principales préoccupations. Le 'Lundi noir' de 1987, où le Dow Jones a chuté de 22% en une journée, reste la plus forte baisse quotidienne en pourcentage de l'histoire américaine. Contrairement aux crises ultérieures, ce krach était survenu sans déclencheur économique évident. Skousen souligne que la situation actuelle pourrait être encore plus complexe à gérer. Les interventions passées de la Réserve fédérale, comme l'augmentation de 40% de la masse monétaire en 2020, ont certes évité un effondrement mais ont aussi alimenté les craintes inflationnistes. L'économiste critique vivement les politiques économiques récentes, notamment les guerres commerciales, la dysfonction politique et les excès du pouvoir exécutif qui sapent la confiance des marchés. Il pointe un signal d'alarme particulier : l'écart croissant entre la hausse des rendements des obligations du Trésor et l'affaiblissement du dollar, reflétant selon lui une perte de confiance dans l'économie américaine. 'Normalement, la hausse des taux d'intérêt devrait renforcer le dollar, mais celui-ci perd de la valeur depuis six mois. Cette divergence entre les rendements obligataires et la valeur du dollar est très dangereuse. Les gens perdent confiance dans le dollar, principalement à cause de la guerre commerciale', explique-t-il. Skousen observe que les actifs refuges traditionnels comme l'or surperforment face à l'incertitude croissante, une réaction rationnelle selon lui face aux risques systémiques. Il met également en garde contre la dépendance généralisée à l'effet de levier et aux réserves fractionnaires qui accroissent la vulnérabilité du système, un éventuel effondrement institutionnel pouvant déclencher une nouvelle crise. Alors que la volatilité s'accroît, il appelle à une vigilance accrue dans le système financier fragile actuel, où des erreurs politiques pourraient précipiter les marchés vers le chaos. Les craintes de récession s'intensifient alors que de nombreux économistes, dont Skousen, pointent du doigt les incertitudes persistantes liées aux tarifs douaniers de l'ère Trump. Bien que les progrès dans les négociations commerciales sino-américaines aient quelque peu apaisé les craintes, les risques subsistent. À l'apogée des tensions commerciales, des institutions comme JPMorgan estimaient à plus de 60% les probabilités d'une récession en 2025. Si ces projections ont depuis été revues à la baisse grâce à l'atténuation des pressions géopolitiques, certains restent pessimistes. L'économiste Steve Hanke maintient ainsi ses estimations à 90%, invoquant l'impact économique à long terme des politiques commerciales de l'ère Trump.