Les manuscrits de la mer Morte seraient plus anciens qu'on ne le pensait : une révolution grâce à l'IA
Une équipe de scientifiques a combiné la datation au radiocarbone et l'analyse de l'écriture assistée par intelligence artificielle pour réévaluer l'âge des manuscrits de la mer Morte. Leurs résultats, publiés dans la revue PLoS ONE, révèlent que nombre de ces précieux documents seraient plus anciens que les estimations précédentes.
Les manuscrits de la mer Morte, découverts entre 1946 et 1947 près de Qumrân, comprennent environ 900 rouleaux complets ou fragmentaires. Conservés dans des jarres en argile, ils ont été préservés grâce aux conditions particulières des grottes calcaires où ils étaient cachés par la secte des Esséniens pour les protéger des Romains vers 73 de notre ère.
Jusqu'à présent, la datation reposait principalement sur la paléographie, méthode subjective basée sur l'analyse des styles d'écriture. Pour obtenir des résultats plus précis, les chercheurs ont développé un programme IA nommé Enoch, combinant des analyses de radiocarbone sur 24 échantillons et une étude approfondie de l'écriture manuscrite.
Enoch fonctionne en identifiant des motifs géométriques microscopiques dans les traces d'encre, mettant l'accent sur les caractéristiques partagées plutôt que sur les différences subtiles comme le fait la paléographie traditionnelle. Testé par des experts, le programme a produit des estimations jugées "réalistes" dans 79% des cas.
Parmi les découvertes majeures : deux rouleaux ont été identifiés comme les premiers fragments connus du Livre de Daniel, et l'Ecclésiaste daterait du IIIe siècle avant notre ère plutôt que de l'époque du roi Salomon. Ces résultats remettent en question les chronologies établies des styles d'écriture juifs anciens et ouvrent de nouvelles perspectives sur l'histoire biblique.
"Avec Enoch, nous avons ouvert une nouvelle porte vers le monde antique, comme une machine à remonter le temps", écrivent les auteurs. Cet outil promet également d'éclairer d'autres collections manuscrites historiques dont la datation reste incertaine.