Trump menace d'imposer des tarifs douaniers sur deux géants américains : Apple et Mattel
Le président Donald Trump utilise son penchant pour les tarifs douaniers pour menacer des entreprises américaines emblématiques. Ces dernières semaines, il a ciblé deux sociétés aux profils très différents – Apple et Mattel – avec des menaces de taxes sur leurs produits phares, en réaction aux déclarations de leurs PDG. Ces menaces ciblées pourraient toutefois se heurter à des obstacles juridiques, comme en témoigne une récente décision de la Cour américaine du commerce international remettant en question le pouvoir présidentiel d'imposer unilatéralement des tarifs sans l'approbation du Congrès. Bien que cette décision ait été suspendue en appel, l'approche de Trump révèle sa stratégie : utiliser la menace tarifaire comme levier pour obtenir des concessions.
Selon Lizbeth Levinson, avocate spécialisée en commerce international, le président n'a pas le pouvoir constitutionnel de cibler une entreprise spécifique. « Les mesures doivent s'appliquer à une catégorie entière de produits, de manière équitable pour toute l'industrie », explique-t-elle. Pourtant, Trump semble privilégier l'action immédiate, quitte à régler les conséquences juridiques après coup.
Le revirement de Trump envers Tim Cook, PDG d'Apple, illustre cette tactique. Après avoir salué les investissements prévus par la firme à hauteur de 500 milliards de dollars aux États-Unis, le président s'est indigné lorsque Cook a annoncé vouloir déplacer une partie de la production d'iPhone destinés au marché américain vers l'Inde plutôt que de la rapatrier. Dans un post sur Truth Social, Trump a menacé d'imposer un droit de douane de 25 % sur les iPhone importés, avant de préciser que cette taxe s'appliquerait à tous les smartphones – une tentative de masquer le ciblage évident d'Apple.
Les experts soulignent que l'objectif réel n'est pas nécessairement de taxer les smartphones, ce qui alourdirait les coûts pour les consommateurs, mais de forcer les entreprises à céder à d'autres demandes, comme des promesses d'investissement ou l'évitement de critiques publiques sur l'impact des tarifs. « Le public américain serait furieux si le prix des iPhone augmentait considérablement », note Clark Packard du Cato Institute, soulignant le risque politique pour Trump.
Mattel, fabricant des poupées Barbie, a également subi les foudres présidentielles. Après que son PDG a évoqué des hausses de prix potentielles liées aux tarifs et exclu un retour de la production aux États-Unis, Trump a menacé d'une taxe de 100 % sur ses jouets – sans préciser si cette mesure viserait uniquement Mattel ou l'ensemble du secteur. À ce jour, cette menace reste lettre morte.
Pour Levinson, ces intimidations ont avant tout une valeur stratégique. « Beaucoup de mes clients ont paniqué, mais en réalité, ces tarifs ne devaient jamais entrer en vigueur », confie-t-elle. L'objectif est d'obtenir des concessions symboliques, comme un engagement à localiser une partie de la production – une victoire médiatique pour Trump, quitte à contourner les limites légales.