Des scientifiques créent une alternative plastique biodégradable... littéralement vivante !
Une équipe de scientifiques suisses a développé un nouveau matériau semblable au plastique, flexible, biodégradable et même comestible. La particularité ? Il est vivant. Ce matériau innovant, conçu par des chercheurs d'Empa en Suisse, combine biodégradabilité, résistance et polyvalence – un défi majeur en science des matériaux.
Les chercheurs ont transformé des fibres du mycélium (la partie racinaire) du champignon Schizophyllum commune en un mélange liquide, sans altérer leurs fonctions biologiques naturelles. Le résultat est un gel baptisé « dispersions de fibres vivantes » (LFD), malléable en diverses formes. Il exploite également les substances supplémentaires produites par le champignon, contrairement à d'autres biomatériaux qui n'utilisent que les cellules fongiques de base.
« Le champignon utilise cette matrice extracellulaire pour se structurer et acquérir des propriétés fonctionnelles », explique Ashutosh Sinha, spécialiste en matériaux chez Empa. « Pourquoi ne pas en faire autant ? » En cultivant une souche spécifique de Schizophyllum commune, l'équipe a favorisé la production de deux molécules clés : le schizophyllane (un polysaccharide) et l'hydrophobine, responsables des propriétés uniques du LFD.
Parmi ses applications potentielles, ce matériau pourrait servir de film ultra-résistant pour des sacs compostables ou des batteries biodégradables. Il agit également comme un excellent émulsifiant, utile dans les industries alimentaire et cosmétique. Contrairement aux émulsions classiques, celle-ci gagne en stabilité avec le temps grâce à l'activité continue du champignon.
Comme le LFD provient d'un champignon comestible, il est non toxique et pourrait être intégré sans risque dans des produits alimentaires ou cosmétiques. Cette innovation ouvre la voie à des matériaux sur mesure, aux propriétés ajustables selon les besoins. Les champignons, de plus en plus étudiés, inspirent des alternatives écologiques aux plastiques et même des textiles auto-réparants.
« Les matériaux biodégradables interagissent avec leur environnement », souligne Gustav Nyström d'Empa. « Notre objectif est de transformer cette interaction en atout. » Ces travaux, publiés dans Advanced Materials, illustrent comment la nature reste le laboratoire le plus ingénieux.