France : Extension historique de l'interdiction de fumer pour protéger les jeunes
PARIS — À partir du 1er juillet, la France interdira de fumer sur les plages, dans les jardins publics et aux abords des écoles. Cette mesure vise à protéger les jeunes du tabac et à limiter l'influence des fumeurs sur eux. "Le tabac doit disparaître là où il y a des enfants", a déclaré la ministre de la Santé Catherine Vautrin dans une interview accordée au journal Ouest-France jeudi. Elle a souligné que la liberté de fumer "s'arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air pur". Les collèges et lycées seront également concernés par cette interdiction, notamment pour empêcher "les élèves de fumer devant leurs établissements", a ajouté la ministre. Tout visiteur américain en France est frappé par le nombre de fumeurs, en particulier parmi les jeunes sur les terrasses des cafés. Pourtant, la consommation de tabac en France est en baisse ces dernières années. Le taux de fumeurs quotidiens chez les adultes est à son plus bas niveau depuis les années 1990, avec seulement 23% de la population concernée. Chez les jeunes de 17 ans, ce taux est passé de 25% à 16% en six ans. L'extension des zones non-fumeurs s'inscrit dans un plan national visant à réduire la consommation de tabac et à créer une génération sans tabac d'ici 2032. Le non-respect de l'interdiction pourra être sanctionné par une amende de 135€. Environ 7 000 zones non-fumeurs ont déjà été créées par 1 600 villes volontaires, incluant plages, parcs, pistes de ski et abords d'écoles. La mesure bénéficie d'un fort soutien populaire : 78% des Français interrogés par la Ligue contre le Cancer souhaitent interdire la cigarette dans les nouveaux espaces publics. Daniel Thomas, porte-parole de la Société française de tabacologie, qualifie cette mesure d'"excellente" car elle "élargit l'espace de dénormalisation du tabagisme". La France avait déjà interdit de fumer dans les lieux publics fermés en 2007, puis dans les cafés, restaurants et discothèques en 2008. Si cette mesure fut un succès, les fumeurs se sont simplement déplacés à l'extérieur, transformant les trottoirs en zones à éviter pour les non-fumeurs. Le ministère de la Santé attribue environ 200 décès par jour au tabagisme, première cause évitable de mortalité. Le coût social du tabac est estimé à 156 milliards d'euros par an. Le tabac est aussi un polluant majeur, avec 20 000 à 25 000 tonnes de mégots jetés chaque année. Paris vient de lancer une campagne contre les 2 milliards de mégots abandonnés annuellement dans ses rues. La nouvelle interdiction ne concernera pas la cigarette électronique, en hausse avec 6% d'utilisateurs adultes. Dans le 15e arrondissement de Paris, Ouadere Thevet, étudiant de 26 ans, fume sur un banc près d'une aire de jeux. Bien qu'il ne pourra plus le faire après juin, il soutient la mesure : "On peut toujours fumer ailleurs, comme aux terrasses. Ça nuit aux enfants, donc il ne faut pas le faire près d'eux." Devenu fumeur adolescent par imitation, il pense que cette restriction pourrait inciter beaucoup de gens à arrêter.