Loi sur la Sécurité en Ligne des Enfants : Évolution Clé au Fil des Négociations au Congrès
En juillet 2023, le Sénat américain a adopté à une large majorité un ensemble de lois visant à renforcer la protection des enfants en ligne, marquant une étape majeure dans les efforts du Congrès pour réguler les pratiques des géants technologiques. Ce paquet législatif, baptisé Kids Online Safety and Privacy Act (KOSPA), fusionnait deux propositions bipartisanes : la Kids Online Safety Act (KOSA), imposant aux plateformes un "devoir de vigilance" pour limiter les risques encourus par les mineurs, et le Children and Teens’ Online Privacy Protection Act (COPPA 2.0), étendant les protections de la vie privée aux moins de 16 ans.
Cependant, ces textes ont stagné à la Chambre des représentants, où les républicains ont exprimé des réserves, notamment sur KOSA, craignant des atteintes à la liberté d’expression. Durant les négociations, KOSA a subi plusieurs révisions dans les deux chambres pour élargir son soutien. Une nouvelle version a été présentée début mai 2025.
La version initiale de KOSA, introduite en février 2022 par les sénateurs Richard Blumenthal (Démocrate) et Marsha Blackburn (Républicaine), n’a trouvé un équivalent à la Chambre qu’en avril 2024. Sous contrôle républicain, ce texte a été modifié, avec un "devoir de vigilance" restreint et des protections en santé mentale réduites. En septembre 2024, la commission de l’Énergie et du Commerce de la Chambre a approuvé cette version, créant un système à deux niveaux pour identifier les utilisateurs mineurs.
Les grandes plateformes, dites "à haut impact", devaient respecter des obligations si elles "savaient ou auraient dû savoir" qu’un utilisateur était mineur, tandis que les autres entreprises n’étaient concernées qu’en cas de connaissance effective. Seules les grandes plateformes étaient soumises au "devoir de vigilance". Cette version excluait certaines obligations comme la prévention des "troubles mentaux" ou du "harcèlement en ligne", tout en maintenant des mesures contre les "troubles émotionnels graves".
Les démocrates ont vivement critiqué ces modifications, estimant que le texte avait été trop édulcoré. Malgré tout, KOSA et COPPA 2.0 ont été adoptés par vote vocal. La version révisée cherchait aussi à rassurer les conservateurs sur les risques de censure, en précisant que la loi ne pouvait être appliquée en fonction de "l’opinion exprimée dans un discours protégé par le Premier Amendement".
En décembre 2024, face aux critiques des républicains, les partisans de KOSA ont trouvé un allié inattendu : Elon Musk. Une nouvelle version, négociée avec X (ex-Twitter), a été dévoilée, combinant des éléments des textes du Sénat et de la Chambre. Elle supprimait des obligations comme la prévention des "comportements addictifs" ou des "pratiques commerciales trompeuses", tout en renforçant les critères du "devoir de vigilance".
La dernière version de KOSA, réintroduite en mai 2025, est quasi identique à celle négociée avec Musk, mais présentée séparément de COPPA 2.0. Elle inclut toujours le Filter Bubble Transparency Act, visant à limiter les algorithmes "opaques". Les divergences entre les deux chambres sur l’approche à adopter – sécurité des enfants, vie privée, ou une loi globale – restent à trancher.