Les PoC gratuits étouffent les startups indiennes d'IA : Le mouvement 'Skip India' prend de l'ampleur
Une vague de frustration déferle sur l'écosystème des startups indiennes d'IA et SaaS, donnant naissance au mouvement 'Skip India'. Les fondateurs dénoncent une pratique généralisée des entreprises indiennes : exiger des preuves de concept (PoC) gratuites à répétition sans engagement commercial.
Vaibhav Domkundwar, CEO de Better Capital, a lancé ce mouvement en déclarant : 'Les fondateurs d'IA abandonnent enfin la vente aux clients indiens après avoir réalisé PoC sur PoC, pour se voir demander encore plus de PoC gratuites. Il y a une limite à tout... Ça suffit.'
Paras Chopra, fondateur de Lossfunk, a carrément interdit à ses équipes de discuter avec des clients indiens. 'C'est un petit marché technologique, mais une zone de confort. Les fondateurs finissent par optimiser pour le marché indien et réalisent qu'ils ne peuvent pas se développer davantage', explique-t-il.
De nombreux fondateurs partagent des histoires similaires. Navaneeth PK de Tooljet raconte : 'En 2023, un client nous a ignorés après avoir construit un PoC détaillé. Ils sont revenus ce mois-ci demandant un support technique... toujours sans discussion commerciale.'
Les entreprises indiennes utiliseraient souvent les PoC comme monnaie d'échange pour négocier des prix plus bas. Rajeshree Deotalu de Vecros tech exprime la lassitude des fondateurs : 'Vous prouvez, pilotez, impressionnez... pour être ignoré ou voir demander un autre PoC gratuit.'
Face à ces difficultés, de nombreuses startups se tournent vers les États-Unis, où les clients paient plus volontiers et décident plus vite. Michael Fowlie conseille : 'Si vous êtes une startup, ciblez d'abord les États-Unis. C'est riche, uniforme et énorme.'
Certains, comme Aakrit Vaish de Haptik, s'opposent à ce mouvement. Il estime que les fondateurs ne creusent pas assez les problèmes spécifiques à l'Inde. 'Si vous traitez les entreprises indiennes comme un tremplin vers les États-Unis, attendez-vous à leur myopie', avertit-il.
Le débat reflète une tension plus large dans l'écosystème tech indien, où les grandes entreprises hésitent à payer pour des solutions SaaS ou d'IA, préférant souvent développer en interne après avoir 'appris' des PoC des startups.
Alors que certains restent déterminés à construire pour l'Inde, beaucoup estiment que le marché américain offre simplement un meilleur retour sur investissement. Le message est clair : les startups indiennes d'IA en ont assez d'attendre que le marché local mûrisse.