Accord historique entre la Suisse et la France sur le partage des eaux du Léman
La Suisse et la France s'apprêtent à signer un accord crucial sur la gestion des eaux du Léman après des mois de négociations, révèle la RTS. Cet accord intervient alors que l'eau devient une ressource de plus en plus précieuse, notamment sous la pression du développement des centrales nucléaires françaises.
À 70 km de la Suisse, la centrale nucléaire du Bugey prévoit la construction de nouveaux réacteurs d'ici 2040. Ces installations utilisent les eaux du Rhône pour leur refroidissement, une pratique qui inquiète les autorités genevoises.
Antonio Hodgers, conseiller d'État genevois, alerte sur les risques combinés de l'augmentation de la consommation d'eau française et du changement climatique. «Si la France augmente sa capacité nucléaire alors que le réchauffement climatique réduit nos ressources, nous aurons tous un problème», déclare-t-il.
Les experts prévoient une diminution de 20% du débit du Rhône d'ici 30 ans, pouvant atteindre 75% d'ici 2100 avec la fonte des glaciers. Christian Bréthaut, spécialiste de la gouvernance de l'eau, souligne la nécessité de définir des priorités d'utilisation.
L'accord en cours de finalisation permet à la Suisse de continuer à gérer seule le niveau du Léman en temps normal, comme depuis plus d'un siècle. En cas d'alerte, notamment de sécheresse, la France pourrait intervenir, bien que le volume d'eau alloué ne soit pas précisé - une victoire pour la Suisse.
Une commission consultative franco-suisse sur le Rhône sera créée. Les tensions pourraient s'intensifier face aux besoins croissants en eau potable, pour l'industrie, l'agriculture et le nucléaire.
EDF assure que les nouveaux réacteurs consommeront moins d'eau et que le débit du Rhône restera suffisant. «Nos projections montrent que l'eau disponible permettra de refroidir nos réacteurs tout en garantissant les autres usages», explique Pierre-Franck Thomé-Jassaud d'EDF.
Les autorités des deux pays refusent de commenter avant la signature officielle. À Genève, on insiste sur le caractère exceptionnel de toute intervention future pour alimenter les centrales françaises.