Une Nouvelle Perspective pour Combattre le Changement Climatique : Et si la Nature avait des Droits ?
Produit par ElevenLabs et News Over Audio (Noa) avec narration IA. Écoutez plus d'histoires sur l'application Noa. À Bogotá, en Colombie, où je fais des recherches sur un écosystème andin unique, j'ai rencontré la phrase « Agua es vida » partout. Un employé municipal expliquant pourquoi le rationnement de l'eau est nécessaire ; notre nounou, qui préfère vivre sans électricité plutôt que sans eau courante ; un homme parlant de la pollution causée par l'extraction de métaux précieux pour les puces de téléphone dans le fleuve Vaupés. L'eau, c'est la vie. Cette phrase est aussi un cri de ralliement pour les opposants aux pipelines dans le Dakota du Sud, le Minnesota, la Caroline du Nord et Rhode Island. J'ai d'abord été tentée de la rejeter comme un cliché environnemental, mais ces mots exercent une fascination, m'attirant vers une vérité difficile à saisir. Angela Auambari, une femme Muisca, m'a expliqué : « Vous pouvez mettre l'eau dans des tuyaux pour l'envoyer dans nos maisons, mais cette eau aura toujours sa propre vie. » Elle a contesté mon éducation scolaire qui considérait les lacs comme inanimés. « Les lacs et les rivières donnent la vie, donc ils sont vivants. » Malgré mon accord, la distinction entre êtres vivants et matière inerte persiste dans mon esprit. Pourtant, avec le changement climatique, des éléments autrefois considérés comme inertes se réveillent : les calottes glaciaires se fracturent, les rivières inondent, les incendies ravagent. Pour ceux en première ligne, la Terre est indéniablement animée. Dans son livre « Is a River Alive ? », Robert Macfarlane remet en question cette distinction persistante. Il explore quatre cours d'eau extraordinaires et les efforts pour les protéger, posant une question cruciale : et si nous reconnaissions la vie dans la nature ? Amitav Ghosh, dans « The Nutmeg’s Curse », soutient que la crise environnementale est aussi une crise de l'imagination humaine. Nous avons marginalisé les non-humains – rivières, glaciers, bactéries – en les considérant comme de simples ressources. Ghosh plaide pour de nouveaux récits mettant en avant ces acteurs non humains. Une solution juridique émerge : le mouvement des Droits de la Nature. L'Équateur, la Nouvelle-Zélande, et d'autres ont intégré ces droits dans leurs lois, offrant des outils contre le fracking, l'exploitation minière et les barrages. Macfarlane raconte comment son fils a réagi à son projet : « Bien sûr qu'une rivière est vivante ! » Ensemble, ils observent les sources près de chez eux, témoins de leur disparition après des mois de chaleur record. Le livre alterne entre voyages – une forêt nuageuse andine, un bassin fluvial blessé en Inde, une rivière sauvage au Canada – et réflexions sur le temps nécessaire pour percevoir la vie dans ce que nous considérons comme inerte. Les enfants voient le monde naturel comme enchanté : les arbres parlent, les montagnes réfléchissent. Robin Wall Kimmerer souligne que notre langue, en utilisant « il » pour la nature, contribue à cette déconnexion. Macfarlane, par sa prose poétique – « Les feuilles hochent sous la pluie », « La brume s'accroche comme des écharpes » – nous invite à retrouver cet émerveillement enfantin. Mais cette enchantement est tempéré par le chagrin : le deuil personnel des personnages rencontrés, la destruction des rivières. Pourtant, passer du temps avec ces cours d'eau semble alléger leurs fardeaux. « Peut-être que le corps comprend ce que l'esprit ne peut pas », écrit Macfarlane, décrivant comment il se sent « pensé » par la rivière. Wayne, son compagnon de voyage, nuance : cette fusion est un processus lent, pas une révélation soudaine. Kathleen Jamie a critiqué les récits de « l'Homme Émerveillé Seul », où des hommes blancs trouvent l'illumination dans la nature. Macfarlane évite largement cet écueil, écoutant ceux qui vivent avec ces rivières. À Los Cedros, en Équateur, il rencontre une mycologue en deuil, un expatrié luttant contre l'exploitation minière, un juriste promouvant les Droits de la Nature. Lorsque des entreprises ont tenté d'exploiter Los Cedros, les habitants ont témoigné de l'impact sur la rivière. Les juges ayant statué en faveur de ses droits rejoignent Macfarlane, illustrant le réseau humain protégeant ces écosystèmes. Désapprendre le cartésianisme demande de l'humilité, de brouiller la frontière entre nous et le « il » naturel. « Is a River Alive ? » montre comment résister à l'extraction et ce qui peut s'éveiller en nous lorsque nous vivons avec les rivières, les reconnaissant comme co-créatrices de notre passé, présent et futur.