Voyager 1 en péril : une panne de propulseur résolue à distance par des ingénieurs ingénieux
La sonde Voyager 1, l'engin spatial le plus éloigné de la Terre, a frôlé la catastrophe plus tôt cette année en raison d'un problème de propulseur, avant qu'une équipe d'ingénieurs de la NASA ne réalise une réparation à distance audacieuse. Ce sauvetage spatial permet à la mission légendaire, lancée en 1977, de poursuivre son exploration historique au-delà du système solaire.
En 2024, les contrôleurs de mission ont dû prendre une décision cruciale qui aurait pu mettre fin au voyage de Voyager 1. Le vaisseau spatial, qui dépend d'une antenne radio terrestre puissante pour communiquer, risquait de perdre définitivement le contact pendant la mise à niveau de cette infrastructure vitale.
Le problème central concernait les propulseurs de contrôle d'orientation (roll thrusters) qui maintiennent l'antenne de Voyager 1 pointée vers la Terre. Depuis 2004, la sonde utilisait ses propulseurs de secours après la défaillance du système principal. Mais ces backups montraient à leur tour des signes de faiblesse.
Kareem Badaruddin, responsable de la mission Voyager, explique qu'un encrassement progressif dans les conduites de carburant réduisait l'efficacité des propulseurs. « Imaginez une buse qui se bouche petit à petit avec des débris », précise-t-il. « La poussée devient de plus en plus faible. »
Patrick Koehn, scientifique du programme Voyager, souligne l'importance critique de ces propulseurs : « Un décalage infime de l'antenne, ne serait-ce qu'une fraction de degré, pourrait faire dévier le signal et le faire manquer la Terre complètement. »
Face à cette urgence, les ingénieurs ont étudié la possibilité de réactiver les propulseurs principaux, inutilisés depuis 2004. Cette décision n'était pas sans risque : après deux décennies d'inactivité dans le froid spatial, les tentatives de rallumage pouvaient provoquer une explosion catastrophique.
La pression temporelle s'accentuait avec la mise hors service programmée le 4 mai 2024 de la station Deep Space Station 43 en Australie, la seule antenne assez puissante pour communiquer avec les Voyagers. Elle ne devait retrouver sa pleine capacité qu'en février 2025.
Le 20 mars 2024, l'équipe Voyager a reçu une excellente nouvelle : le test du propulseur principal s'est révélé concluant. Cette réussite permet d'envisager une prolongation de la mission au moins jusqu'en 2027, pour le 50e anniversaire du lancement.
Matt Shindell, conservateur au Musée National de l'Air et de l'Espace Smithsonian, souligne le caractère exceptionnel de cette longévité dans l'exploration robotique. Les données des Voyagers restent uniques, notamment pour Uranus et Neptune.
Aujourd'hui, les deux sondes continuent d'envoyer des informations précieuses sur l'espace interstellaire. Comme l'explique Koehn, elles permettent d'étudier comment les éruptions solaires se propagent à des distances extrêmes, offrant des insights uniques sur l'interaction entre notre Soleil et le milieu interstellaire.
Cette réparation à distance réussie témoigne de l'ingéniosité des équipes de la NASA et permet à ces pionnières interstellaires de continuer à écrire l'histoire de l'exploration spatiale, plus de 45 ans après leur lancement.