Trump vise les transferts d'argent des migrants avec une taxe controversée
Le président mexicain Claudia Sheinbaum a répondu à la proposition du président américain Donald Trump d'imposer une taxe sur les transferts d'argent (remesas) des migrants, lors d'une cérémonie de construction d'un hôpital en Basse-Californie du Sud. Elle a souligné que les États-Unis "ne peuvent pas taxer deux fois des personnes qui paient déjà des impôts". Cette déclaration symbolique met en lumière l'impact social et politique de cette mesure, qui préoccupe toute la région.
Les républicains ont inclus dans le projet de loi "One, Big, Beautiful Bill" de Trump une taxe de 5% sur les transferts d'argent, visant notamment à financer sa politique migratoire. Selon la Banque interaméricaine de développement, ces transferts ont atteint 160,9 milliards de dollars en 2024, le Mexique et le Guatemala étant les principaux bénéficiaires.
Jesús Alejandro Cervantes González, expert du CEMLA, explique que ces fonds représentent jusqu'à 27% du PIB dans certains pays d'Amérique centrale. Ils permettent à des millions de familles de financer leurs besoins essentiels et de réduire la pauvreté. Au Mexique, 4,5 millions de foyers en dépendent, particulièrement dans les zones rurales pauvres.
Le gouverneur de Floride Ron DeSantis envisage également d'imposer une vérification d'identité pour les transferts, une mesure qualifiée de "discriminatoire et raciste" par le sénateur mexicain Antonino Morales. Cette politique pourrait priver les migrants sans papiers de l'accès aux programmes de santé américains.
Selon Gonzalez, la taxe toucherait non seulement les sans-papiers mais aussi les résidents légaux. Son application en 2026 pourrait détourner les transferts vers des circuits informels comme les cryptomonnaies, tout en aggravant la situation économique des pays dépendants des remesas.
Ces mesures risquent de coûter cher aux républicains. Après avoir gagné des voix latinos en 2024, Trump pourrait les aliéner définitivement avant les midterms de 2026. Le projet de loi, adopté de justesse à la Chambre, attend maintenant le vote du Sénat.