Révolution génétique : Des tomates et aubergines plus grosses et plus savoureuses bientôt dans nos assiettes
Une avancée scientifique majeure pourrait radicalement transformer l'apparence, la taille et la saveur des tomates et autres fruits. Une équipe de chercheurs de l'Université Johns Hopkins a identifié les gènes déterminant la taille de ces végétaux, ouvrant la voie à des récoltes plus abondantes et de meilleure qualité.
L'étude, publiée dans Nature, a mobilisé des outils génétiques de pointe pour analyser l'ADN de 22 plantes de la famille des solanacées (tomates, pommes de terre, aubergines). Les scientifiques ont reconstitué l'évolution génétique sur des millions d'années, révélant le rôle clé des duplications génétiques dans les caractéristiques des cultures.
Les gènes dupliqués, ou paralogues, influencent des traits cruciaux comme la floraison, la forme et la taille des fruits. L'équipe a notamment étudié le gène CLV3, connu pour réguler la croissance des tomates. En désactivant ses copies chez une variété sauvage australienne, ils ont obtenu des plantes difformes. Mais en modifiant une seule copie, les fruits devenaient plus gros et sains.
Une découverte surprenante concerne l'aubergine africaine, qui possède un gène unique (SaetSCPL25-like) contrôlant le nombre de loges à graines. Son transfert aux tomates a permis d'augmenter leur taille. Cette approche de "pan-génétique" permet désormais d'échanger des améliorations entre espèces.
Les applications sont immenses : aider les agriculteurs des régions défavorisées à produire des cultures commercialisables, préserver les variétés traditionnelles tout en les adaptant à l'agriculture intensive. Comme le souligne Michael Schatz, co-directeur de l'étude : "Il suffit d'une seule graine modifiée pour révolutionner une agriculture locale".
Cette recherche combine cartographie génomique, édition CRISPR-Cas9 et une vision globale. Elle offre des solutions pour la sécurité alimentaire mondiale, permettant d'adapter les cultures à des sols pauvres ou des climats difficiles. Le potentiel est immense : demain, nos assiettes pourraient accueillir des légumes plus nourrissants, résistants et savoureux.