Les lois sur la sécurité en ligne : la nouvelle monnaie d'échange dans les négociations tarifaires ?
Analyse des politiques : Les lois sur la sécurité en ligne pourraient-elles devenir le prochain levier dans les négociations tarifaires ? Le président Donald Trump a averti que censurer sa plateforme Truth Social serait une "erreur". Lui et d'autres républicains dénoncent depuis des années la régulation étrangère des entreprises technologiques américaines, y compris les lois sur la sécurité en ligne. Alors que les États-Unis mènent une guerre tarifaire mondiale, ces régulations pourraient devenir une cible, notamment alors que certaines commencent à montrer leur efficacité.
Ces dernières semaines, Trump a multiplié les accords commerciaux, cherchant des concessions en échange de réductions tarifaires. Cela coïncide avec l'entrée en vigueur de nouvelles mesures de protection des mineurs dans l'Union européenne et au Royaume-Uni, comme la dernière phase du Online Safety Act (OSA) britannique, qui restreint l'accès aux contenus pornographiques, de harcèlement ou d'incitation à l'automutilation.
Si certaines plateformes ont volontairement mis en place des systèmes de vérification d'âge, elles s'opposent à ces mesures aux États-Unis et contestent les lois étrangères qu'elles jugent discriminatoires envers les entreprises américaines. La fondation Information Technology and Innovation Foundation, financée par le secteur tech, qualifie même certaines règles européennes d'"attaques non tarifaires".
Trump n'a pas caché sa volonté de faire pression pour abroger les lois qui le dérangent. Le Digital Markets Act (DMA) et le Digital Services Act (DSA) européens ont déjà subi ses critiques, tout comme les taxes sur les services numériques, que le Canada a abandonnées sous pression le mois dernier. Mais l'OSA est désormais dans le collimateur, car Truth Social pourrait être concerné.
Lors d'une conférence de presse avec le Premier ministre britannique Keir Starmer le 28 juillet, Trump a réagi à une question sur les "nouveaux pouvoirs" de censure en lançant, sur un ton léger mais menaçant : "Je ne peux pas imaginer qu'il censure Truth Social. Si cela arrive, vous faites une erreur". Il a aussi promu son propre projet de régulation, le Take It Down Act, lui-même accusé de favoriser la censure.
Les entreprises technologiques critiquent moins ouvertement les mesures de protection des mineurs que le DMA ou le DSA. Pour Mariana Olaizola Rosenblat, experte à la NYU Stern Center, l'absence de cadre clair aux États-Unis sur la sécurité en ligne contraste avec les initiatives étrangères, créant des tensions potentielles. Tout dépendra de la rigueur avec laquelle le régulateur britannique Ofcom appliquera l'OSA – et des difficultés que cela posera aux géants tech.