La nouvelle loi britannique sur la sécurité en ligne : un désastre annoncé
L'Online Safety Act, entré en vigueur au Royaume-Uni le 25 juillet, s'avère déjà catastrophique. Cette loi, censée protéger les mineurs des contenus pornographiques, liés à l'automutilation, aux troubles alimentaires et au suicide, soulève de vives critiques. Non seulement elle constitue une menace pour la vie privée, mais elle risque aussi d'aggraver une culture sexuelle basée sur la surveillance, exposant davantage les jeunes à des dangers. Les travailleurs du sexe sont particulièrement touchés, leurs publicités en ligne étant supprimées, les poussant vers des situations périlleuses.
Les effets pervers de la loi se multiplient. Le 29 juillet, un tweet du militant palestinien Basel Adra rendant hommage à son collègue tué par un colon israélien a été bloqué, faute de vérification d'âge. D'autres contenus sur la Palestine, comme des images de Gaza ou une vidéo d'Anthony Bourdain, ont subi le même sort. Si la censure des informations sur le conflit israélo-palestinien n'est sans doute pas l'objectif premier de la loi, elle sert opportunément les intérêts du gouvernement britannique, souvent accusé de complicité.
Les restrictions vont bien au-delà. "Des adolescents n'ont plus accès à des contenus sur la santé sexuelle, la politique ou l'actualité. Les adultes doivent prouver leur âge via des entreprises non régulées", dénonce James Baker de l'Open Rights Group. Face à ces exigences, de petits sites ferment par crainte d'amendes. Wikipedia a d'ailleurs engagé une action en justice, estimant que la loi menace la vie privée de ses contributeurs.
Sur Reddit, des forums comme r/Drugs ou r/transdiy, essentiels pour des personnes trans en manque de soins médicaux, sont désormais inaccessibles aux mineurs. Des espaces de soutien aux victimes d'agressions sexuelles sont aussi bloqués, une absurdité alors que ces violences peuvent survenir à tout âge. Lois de protéger les jeunes, ces mesures risquent au contraire de les isoler et de les rendre plus vulnérables.
Alors que la campagne pour l'abrogation de la loi prend de l'ampleur, ses partisans affirment qu'elle vise à limiter l'accès des mineurs aux contenus sur l'automutilation. Pourtant, ses conséquences néfastes sur la liberté d'expression et l'accès à l'information sont déjà bien visibles.