Protéger la communauté LGBTQ+ au Ghana : Entretien avec Joskine Atsuvia, défenseur des droits humains
Au Ghana, les législateurs relancent leurs efforts pour adopter la loi controversée sur les droits sexuels et les valeurs familiales de 2024, qui criminalise les activités LGBTQ+ et dissout toutes les organisations queer. Joskine Kwashie Atsuvia, militant ghanéen pour les droits humains, partage son expérience des abus en ligne et des menaces qu'il subit en raison de son orientation sexuelle. Dans cet entretien avec Global Voices, il explique les défis auxquels est confrontée la communauté LGBTQ+ au Ghana et les mesures nécessaires pour assurer leur sécurité.
Joskine Atsuvia est un défenseur des droits humains et un militant queer basé au Ghana. Il travaille sur les droits LGBTQ+, la défense des personnes vivant avec le VIH et la protection des communautés marginalisées. Il fait partie de l'équipe consultative communautaire du projet Digital Health and Rights, où il amplifie les voix des communautés dans la gouvernance de la santé numérique.
En tant qu'homme queer dans un pays où l'identité LGBTQ+ est criminalisée, Atsuvia a subi de nombreux abus en ligne, notamment des insultes homophobes, des menaces physiques et des tentatives de chantage. Il explique que les espaces numériques, bien qu'utiles pour se connecter, sont souvent peu sûrs et surveillés. Beaucoup recourent à des plateformes cryptées par peur de la surveillance de l'État ou du doxxing.
Atsuvia raconte un incident en 2023 où ses photos ont été diffusées sur WhatsApp avec des commentaires dégradants sur son orientation sexuelle. Il a reçu des messages haineux et des menaces de mort, et ses coordonnées ont été partagées publiquement. Cela l'a obligé à se déplacer et à quitter temporairement les réseaux sociaux.
Malgré ses signalements aux plateformes comme Meta, les réponses sont souvent lentes ou insuffisantes. Les autorités ghanéennes offrent peu de protection, surtout en raison de la stigmatisation des personnes LGBTQ+. Certaines victimes préfèrent ne pas signaler les abus par peur de représailles.
Pour Atsuvia, des protections numériques plus solides et inclusives sont urgentes, ainsi qu'une meilleure modération des contenus et des mécanismes de réponse rapide. La décriminalisation des identités LGBTQ+ et des protections juridiques sont essentielles pour garantir la sécurité en ligne et hors ligne.
La réintroduction du projet de loi anti-LGBTQ+ au Parlement ghanéen aggrave la situation. Selon Atsuvia, cette loi légitime les discriminations et encourage les violences contre la communauté queer. Il appelle la communauté internationale et la société civile à soutenir les personnes affectées et à lutter contre ces lois régressives.