L'illusion du moi : Comment votre perception façonne la réalité
Et si le « vous » que vous croyez si fermement n’était pas réel de la manière dont vous le pensez ? L’autrice Annaka Harris soutient que le dialogue constant du cerveau avec le monde crée un processus mouvant, non une identité fixe, et comment cette découverte change notre vision des choix, des souvenirs et de notre place dans la nature. Harris explore aussi pourquoi apaiser le mode par défaut du cerveau par la méditation, des états modifiés ou une concentration profonde peut dissoudre la frontière entre soi et le monde.
ANNAKA HARRIS : Lorsque nous nous sentons comme un moi séparé du monde physique, bien que nous sachions intellectuellement que ce n’est pas le cas, il y a cette intuition, ce sentiment, cette illusion d’un « je ». Cela est lié à l’illusion du libre arbitre, et ces deux illusions sont les deux faces d’une même pièce. C’est l’impression d’être une entité solide, immuable, qui existe quelque part dans notre corps, s’approprie notre corps et même notre cerveau, au lieu d’être identique à lui, comme nous le savons. Cette illusion brouille notre compréhension de notre place dans la nature et de la réalité à bien des égards.
[Narrateur] Démystifier les illusions du moi et du libre arbitre.
Quand je parle de l’illusion du moi, les gens ont souvent du mal à comprendre ce que cela signifie. Je suis évidemment une personne ici, vous êtes une personne là, et nous parlons constamment de nous-mêmes, de nos actions, de nos journées, de notre passé et de notre avenir. Je tiens donc à clarifier ce dont je ne parle pas. Tous ces éléments peuvent être qualifiés de « moi » : nos histoires autobiographiques, nos tendances, nos goûts. Ces aspects ne sont pas une illusion.
Nous pouvons parler de nous comme d’un chat ou d’une vague, systèmes dynamiques dans la nature. L’expérience d’être un moi ressemble plus à une vague qu’à un rocher statique. Une vague est un processus changeant, tout comme notre cerveau. Nos expériences évoluent constamment, en dialogue avec le monde extérieur. L’illusion réside dans l’idée d’une entité solide et immuable qui possède notre corps et notre cerveau, au lieu d’en être indissociable.
Cette illusion est liée à celle du libre arbitre : l’impression qu’un moi séparé du monde physique peut prendre des décisions libres, en dehors des lois de cause à effet. Cela obscurcit notre compréhension de notre place dans la nature. Nous sous-estimons à quel point nous sommes connectés au monde et aux autres. Si ces liens étaient visibles – comme les ondes sonores ou les molécules d’air partagées –, nous percevrions mieux notre interdépendance avec la nature.