Le moteur hypersonique SABRE renaît dans l'avion spatial Invictus Mach 5 : une révolution aérospatiale en marche
Une technologie prometteuse refait surface : le moteur hypersonique Synergetic Air-Breathing Rocket Engine (SABRE) de Reaction Engines connaît une seconde vie grâce au programme britannique Invictus, visant à développer un avion spatial capable d'atteindre Mach 5+. Ce projet ambitieux s'inscrit dans la lignée des innovations aérospatiales britanniques initiées dans les années 1980.
L'histoire remonte à 1982, lorsque British Aerospace et Rolls-Royce collaboraient sur le projet HOTOL, un avion spatial à décollage et atterrissage horizontaux. Conçu pour atteindre l'orbite en un seul étage tout en utilisant l'oxygène atmosphérique, ce projet visionnaire avait suscité un vif enthousiasme avant d'être abandonné en 1987 par manque de financement gouvernemental.
Trois ingénieurs déterminés - Alan Bond, John Scott-Scott et Richard Varvill - fondèrent Reaction Engines Limited en 1989 pour poursuivre le développement des technologies clés. Grâce à des contrats gouvernementaux et des investissements privés, notamment de BAE Systems, l'entreprise survécut jusqu'en 2024 avant de connaître des difficultés financières.
Aujourd'hui, un consortium mené par Frazer-Nash, comprenant Spirit AeroSystems, l'Université de Cranfield et plusieurs PME, relance l'ambition spatiale britannique avec le programme Invictus. Objectif : développer d'ici 2031 un avion spatial réutilisable opérant à la limite de l'espace, avec des applications tant civiles que militaires.
Le cœur de l'innovation réside dans le moteur SABRE, capable de passer du mode avion (utilisant l'oxygène atmosphérique) au mode fusée (avec oxygène embarqué). Son système de pré-refroidissement révolutionnaire permet de réduire en moins de 1/20e de seconde la température de l'air entrant de 1000°C à température ambiante, évitant ainsi la fusion des matériaux.
Financé à hauteur de 7 millions d'euros par l'ESA et soutenu par l'UK Space Agency, Invictus pourrait atteindre Mach 5 en mode atmosphérique et potentiellement Mach 25 en mode fusée, ouvrant la voie à un futur système de lancement orbital européen de nouvelle génération.