L'acier prospère en Arkansas : pourquoi tant de gens peinent-ils encore à joindre les deux bouts ?
OSCEOLA, Arkansas — L'église s'était préparée à accueillir 20 personnes. Finalement, près de 100, principalement des hommes noirs, sont venus assister à la présentation des emplois à six chiffres proposés par l'usine sidérurgique locale. Robert Potter, superviseur chez Hybar, l'entreprise organisatrice, met en garde : « Ces emplois sont exigeants. Nous recherchons les meilleurs. »
Hybar doit recruter 154 employés pour son usine qui ouvre le mois prochain. Bien que de nombreux postes aient déjà été pourvus avant cet atelier, Sterling Winston, un candidat recalé deux fois, témoigne de sa persévérance : « Je n'abandonne pas. »
Le comté de Mississippi, en Arkansas, vit une renaissance économique grâce à l'industrie sidérurgique. Des milliards de dollars ont été investis ces dix dernières années, faisant de la région le premier producteur d'acier du pays. Pourtant, 25 % des habitants vivent sous le seuil de pauvreté.
Le maire d'Osceola, Joe Harris, déplore que de nombreux travailleurs ne résident pas dans le comté. Ces travailleurs temporaires, souvent mieux payés, font monter les prix de l'immobilier et dépensent leurs revenus ailleurs. « Une industrie milliardaire ne suffit pas à elle seule », regrette-t-il.
Le déclin d'Osceola remonte aux années 1990, avec la fermeture de la base aérienne d'Eaker et la perte de milliers d'emplois. Clif Chitwood, président d'une fondation de développement économique, se bat depuis des décennies pour attirer de nouvelles industries.
Hybar incarne cet espoir. Son PDG, Dave Stickler, montre fièrement l'usine en construction, là où s'étendaient des champs de soja il y a 22 mois. Deux autres projets sont en cours, dont un à Osceola.
Pour Joe Wilkerson, 51 ans, responsable maintenance chez Hybar, ce boom est une opportunité inespérée. Lui qui a grandi dans la pauvreté peut désormais offrir une voiture à sa fille. Mais comme John Romine, 39 ans, beaucoup de travailleurs viennent d'ailleurs et repartent après leur contrat.