Une étude révèle un lien surprenant entre l'utilisation intensive de l'IA au travail et l'épuisement professionnel
L'adoption des outils d'IA sur le lieu de travail augmente la productivité des employés, mais une nouvelle étude du marché de travail indépendant Upwork suggère qu'elle pourrait aussi nuire à leur santé mentale. Une enquête menée auprès de 2 500 travailleurs (cadres, employés à temps plein et indépendants) dans plusieurs pays révèle que les utilisateurs les plus assidus des outils d'IA ont 88 % plus de risques de souffrir d'épuisement professionnel et deux fois plus de chances de démissionner que leurs collègues qui les utilisent moins fréquemment.
Cependant, 88 % des indépendants interrogés ont déclaré que l'IA avait un impact positif sur leur carrière, sans les effets psychologiques négatifs rapportés par les employés salariés. Parmi tous les répondants, 90 % considèrent désormais l'IA comme un collègue plutôt que comme un simple outil. Les dynamiques interpersonnelles au travail évoluent : 85 % des répondants se montrent plus polis avec l'IA qu'avec leurs collègues humains, et 67 % lui font plus confiance.
"Ces résultats montrent que les travailleurs les plus productifs grâce à l'IA ont perdu le sentiment de sécurité psychologique et de connexion d'équipe essentiel à leur expérience professionnelle, ce qui alimente leur épuisement et leur intention de quitter leur emploi", note Upwork. Ces conclusions font écho à une étude de la Harvard Business Review publiée en mai, selon laquelle l'IA générative peut augmenter la productivité tout en réduisant le sentiment de sens au travail.
Les grandes entreprises technologiques comme Microsoft, Google et Amazon investissent massivement dans les agents IA, qu'elles présentent comme des outils pour booster la productivité. Parallèlement, les chatbots IA deviennent plus sophistiqués, incitant certains à y chercher compagnie et soutien émotionnel. Mark Zuckerberg, PDG de Meta, estime que les compagnons IA pourraient lutter contre la solitude, un problème que les réseaux sociaux ont paradoxalement exacerbé.
Craignant de prendre du retard, les dirigeants intègrent de plus en plus d'outils IA dans leurs organisations. Une étude de Stanford révèle que de nombreux travailleurs utilisent déjà des agents IA pour des tâches simples et routinières. Si les géants technologiques promettent que l'IA libérera les travailleurs des corvées pour se concentrer sur des relations humaines plus enrichissantes, l'étude d'Upwork montre l'inverse : chez les employés à temps plein, une dépendance accrue à l'IA semble liée à un isolement social accru.
Les indépendants offrent cependant un modèle d'interaction saine et durable avec l'IA : "Alors que les employés à temps plein développent des relations sociales variées avec l'IA, les indépendants l'utilisent principalement comme partenaire d'apprentissage", écrivent les auteurs. Cette conclusion doit toutefois être prise avec prudence, compte tenu des limites de l'étude.