Après un siècle de règne, pourquoi les pneus tubulaires ont-ils disparu du Tour de France 2025 ?
Le Tour de France 2025 marque un tournant historique : pour la première fois, aucune des 18 équipes World Tour n'utilise de pneus tubulaires. Cofidis, dernier bastion en 2024, a finalement adopté les roues Campagnolo en 2025, sonnant ainsi le glas d'une technologie vieille de plus d'un siècle.
Inventés en 1888, les pneus tubulaires ont longtemps été considérés comme le choix incontournable des coureurs professionnels. Leur principal atout ? Une fixation par collage sur la jante, offrant une sécurité accrue en cas de crevaison. Les coureurs pouvaient continuer à rouler en attendant l'arrivée de la voiture technique.
Mais dès 2011, les tests indépendants révèlent une vérité gênante : les tubulaires présentent une résistance au roulement supérieure aux boyaux et pneus sans chambre. Tony Martin remporte ainsi le championnat du monde du contre-la-montre avec des boyaux Continental, marquant le début du déclin.
L'année 2019 constitue un tournant décisif. Fabio Jakobsen s'impose sur une étape du Tour de Californie avec des pneus tubeless Specialized, tandis qu'Alexander Kristoff triomphe à Gand-Wevelgem sur des Vittoria sans chambre. La tendance s'accélère en 2020 avec une adoption massive au Tour de France.
Josh Poertner, visionnaire du secteur, avait prédit dès 2019 que 95% des équipes adopteraient le tubeless d'ici 2024. Son pronostic s'est révélé étonnamment précis. La raison principale de cette transition rapide ? La colle des tubulaires, source de résistance au roulement.
"C'est la colle qui ralentit les tubulaires", explique Poertner. Lors du record de l'heure de Wiggins, son équipe utilisait de l'époxy pour des performances optimales, mais au prix d'une impossibilité de réutiliser les roues.
Les données ont finalement eu raison des arguments traditionnels en faveur des tubulaires (confort, sensation de route). Entre-temps, le marché grand public avait déjà abandonné le collage fastidieux des pneus, accélérant le développement des technologies alternatives.
Certains y voient une stratégie commerciale de l'industrie cycliste. Mais les chiffres sont formels : les tubulaires sont moins performants. Leur disparition reflète surtout l'évolution des préférences des coureurs et des progrès technologiques.
Après un siècle de domination, les tubulaires rejoignent le panthéon des innovations dépassées. Symbole d'une époque révolue, ils laissent place à des technologies plus efficaces, marquant ainsi un nouveau chapitre de l'histoire du cyclisme professionnel.