Accros aux Écrans : L'Usage Compulsif des Réseaux Sociaux Lié aux Comportements Suicidaires chez les Jeunes
Une étude récente révèle que l'usage compulsif des smartphones, et non le temps d'écran total, est le principal facteur de risque psychiatrique chez les jeunes. Publiée le 1er juillet 2025 et revue par Hara Estroff Marano, cette recherche met en lumière une crise adolescente liée à l'utilisation addictive des réseaux sociaux, des jeux vidéo et des téléphones portables.
L'étude a suivi 4 300 jeunes américains âgés de 9 à 10 ans pendant quatre ans. Les chercheurs ont utilisé l'apprentissage automatique pour identifier les trajectoires d'usage addictif, caractérisées par des comportements compulsifs, une détresse en cas d'impossibilité d'utiliser les écrans et une utilisation pour échapper aux problèmes. Ces comportements correspondent aux critères du DSM-5 pour les troubles du jeu.
Les résultats montrent qu'un jeune sur deux présente un usage addictif élevé des téléphones portables, et plus de 40 % pour les jeux vidéo. Ces trajectoires addictives sont associées à un risque deux à trois fois plus élevé de comportements suicidaires et d'idéation suicidaire, ainsi qu'à des taux accrus d'anxiété, de dépression, d'agressivité et de transgression des règles.
Contrairement aux idées reçues, le temps d'écran total à l'âge de 10 ans n'est pas lié à des problèmes de santé mentale ultérieurs. C'est la manière dont les jeunes utilisent les écrans qui compte : les comportements compulsifs et la perte de contrôle sont fortement corrélés à des issues négatives.
Les chercheurs recommandent de se concentrer sur les indicateurs d'usage compulsif plutôt que sur le temps d'écran. Des stratégies issues de la médecine des addictions, comme la thérapie cognitivo-comportementale et les systèmes de soutien structurés, pourraient être plus efficaces que les simples restrictions de temps.
En mai 2023, le Dr Vivek Murthy, chirurgien général des États-Unis, avait déjà alerté sur les effets néfastes des réseaux sociaux sur la santé mentale des jeunes. Il a souligné des problèmes tels que les troubles du sommeil, le cyberharcèlement et l'exposition à des contenus d'automutilation.
Marc N. Potenza, professeur de psychiatrie à Yale, compare l'usage problématique d'Internet aux addictions traditionnelles, avec des symptômes de sevrage et une activation des circuits de récompense du cerveau. Il conseille de surveiller les signes précoces d'addiction, comme l'incapacité à réduire le temps d'écran ou l'inconfort émotionnel en cas de privation.
Jessi Gold, psychiatre à l'Université du Tennessee, souligne que l'interdiction pure et simple des smartphones n'est pas une solution réaliste. Elle préconise plutôt d'éduquer les jeunes à une utilisation responsable des réseaux sociaux avant leur entrée à l'université.
Petros Levounis, expert en psychiatrie des addictions, estime que 2 à 4 % des adolescents répondent aux critères cliniques des addictions technologiques. Il recommande des traitements comme la thérapie cognitivo-comportementale et la nécessité de déstigmatiser la recherche d'aide.
Les références de l'étude incluent des publications dans des revues prestigieuses comme l'American Journal of Psychiatry et JAMA, confirmant la rigueur scientifique de ces travaux.